dimanche 1 février 2015

Des objets connectés à la DSI. Pour quoi faire?



Fin 2012, LeWeb faisait des objets connectés le thème de sa conférence, très fréquentée par les startupers et les investisseurs en recherche d'idées.

GreenSI y explorait l'impact de ces objets sur les IHM. Des IHM qui se libèrent de la souris et du sacro-saint clavier, pour migrer vers le tactile et de nouvelles façons de capturer de l'information et d'interaction avec les utilisateurs. L'IHM, un sujet suffisamment important dans l'expérience utilisateurs, internes ou clients de l'entreprise, pour que la DSI s'y intéresse.

Mais les objets connectés, c'est aussi un sujet d'innovation qui peut facilement être exploité pour redorer le blason d'une DSI pas toujours invitée (par oubli?) à la table de la transformation numérique.

Allez voir le DG et dites lui qu'il pourra être alerté des commandes de plus de 100.000€, directement sur sa nouvelle montre connectée qu'il a eu à Noël, et vous allez voir le résultat.

Même si, sur le fond, pour la comptabilité et pour les experts, on a l'impression que cela reste du gadget, juste de l'assemblage de services SOA développés depuis longtemps et amenés avec un bout de code sur une application Android ou sur un portail. 

En fait, si les objets connectés permettent de capturer de l'information comme des délais, des chocs, des déplacements, des températures... et que ces données permettent d'améliorer les processus de l'entreprise, leur traçabilité, voir de les transformer, alors ce ne sont certainement pas des gadgets pour l'entreprise.

Les objets connectés dans l'entreprise peuvent devenir une réalité utile.

Notamment dans le domaine de la relation clients. Car n'oublions pas que derrière chacun de ces objets il y aura un client ou un prospect connecté, et donc certainement des opportunités pour entrer en relation (dans les deux sens).

GreenSI considère que les objets connectés sont l'une des tendances qui semble la plus disruptive pour les systèmes d'information dans les années qui viennent.

Qu'est-ce qui change avec les objets connectés?

Pas nécessairement a cause des objets eux-mêmes, mais surtout a cause de l'architecture répartie qu'ils demandent et qui n'était pas toujours la règle dans de nombreuses industries.

Si la DSI pense que c'est un gadget, elle risque de se faire surprendre, ou court-circuiter, quand les volumes seront là. Car il faudra bien que quelqu'un traite les données des 30 ou 50 milliards d'objets prévus à l'horizon 2020, selon les analystes.


Les sociétés d'autoroutes qui ont des capteurs dans la chaussée pour mesurer le trafic, les sociétés de mobilier urbain qui gèrent l'information transport en temps réel, où les opérateurs de distribution d'eau qui ont déployé des compteurs intelligents autonomes (il y a déjà plus de 7 ans à Paris pour la Lyonnaise des Eaux); comprennent le rôle et la nature d'un réseau informatique pouvant atteindre tout point du territoire. Pour cela ils ont dû maîtriser toute la chaîne du capteur, jusqu'au portail de l'utilisateur, en passant par les émetteurs, récepteurs et sa supervision. 

Mais pour GreenSI, avec la prévision de l'avènement en masse des objets connectés, dans les domiciles, sur la route et y compris dans l'entreprise, deux choses sont nouvelles par rapport a ces exemples:

  • l'entreprise n'aura plus a construire son propre réseau, plus ou moins propriétaire, pour connecter l'ensemble de ces objets a son système d'information. Car la demande grand public sera telle, que l'offre va se renforcer, les coûts d'accès baisser et les standards deviendront ouverts. La Poste a par exemple annoncé au CES une initiative dans ce sens. Et le corollaire sera qu'il faudra être compatible avec plusieurs réseaux, et de multiples objets, en fonction des territoires et des applications.
  • toutes les entreprises seront concernées par l'accès a une telle infrastructure et pas uniquement les opérateurs cités précédemment. Les compagnies d'assurance investissent pour créer du lien avec les assurés, personnaliser leur offre et ne pas compter que sur les modèles statistiques impersonnels. Les marques de sport, ont compris tout l'enjeu d'être les coach sportifs de leurs clients. Les acteurs de la santé commencent à imaginer une nouvelle relation patient-médecin, etc, etc... 

Dans ce contexte, quel serait le rôle de la DSI?

Ceux qui lisent GreenSI régulièrement savent que la DSI doit revendiquer son rôle d'animateur dans l'entreprise, de la communauté qui veut tirer parti des nouvelles technologies, et pourquoi pas de conduire la transformation numérique d'une partie de l'entreprise.

Avec les objets connectés, la DSI doit jouer ce rôle d'évangéliste et d'incitation des autres Direction à s'engager dans des pilotes. Comme d'envoyer les commandes importantes sur la montre du DG pour réveiller l'entreprise sur le sujet ;-)

Mais ne nous y trompons pas. Les objets connectés, c'est un sujet de données, et d'architecture, pas d'objets. 

D'ailleurs les objets risquent d'être pour la plupart fabriqués en Chine ou en Thaïland. Même si la France cherche faire jouer son terreau d'innovation et de compétences autour d'Angers, avec la Cité des objets connectés, une des actions du plan Objets connectés de la Nouvelle France Industrielle, porté par la société Eolane et lancé par l'ancienne secrétaire d'Etat à l'économie numérique, Fleur Pellerin, début 2014.

En revanche la donnée, elle, va circuler dans votre système d'information, rendre les applications plus "intelligentes"si on sait les analyser, et rendre les processus de l'entreprise plus agiles. La DSI est donc totalement légitime pour préparer ces plateformes de données, connectés aux réseaux répartis, qui permettront au métier d'imaginer et de développer leurs applications.

Car si les objets connectés de l'entreprise se développent, pourquoi ne pas mutualiser une infrastructure et éviter que chaque projet développe ses standards. Pour les adeptes du Cloud, c'est bien d'un PaaS -  Plateform as a Service - dont on parle. Et ce PaaS sera le socle de développement des applications futures, tournées vers les clients (et même peut être les salariés mais c'est une autre histoire), qui tôt ou tard, seront reliées a tous ces objets connectés et qui pourra même être ouvert a des tiers (schéma emprunté à Alten).
 
Lors de la conférence Tendances Cloud, en 2012, dans laquelle j'intervenais, une question de la salle portait, dans ma présentation, sur pourquoi faire un lien entre le Cloud et les objets connectés? Cela paraissait étrange alors que toutes les grandes DSI pouvaient construire leur propre réseau. Et bien parce que le Cloud, public ou privé, c'est un point commun entre tous les réseaux et tous les objets, d'ailleurs c'est pour cela qu'on l'a appelé Inter - Net.

Nous y sommes! L'internet comme plateforme.

Et pour vous en convaincre, demandez a WhithingsFitBitParot, et autres sociétés producteurs d'objets connectés et de services a ses utilisateurs, ce qu'ils feraient sans le Cloud. Pas grand chose...

Alors oui c'est vrai que les opérateurs des réseaux GPRS, GSM, 3G, 4G proposent déjà une connectivité étendue avec le M2M, machine-to-machine, mais cela demande une carte SIM et de passer par leur réseau. L'internet est pour l'instant plus économique pour les objets grand-publicn surtout quand leur business modèle n'est pas encore démontré. Donc dès qu'un objet pourra se connecter a une box ou a un smartphone (la box mobile), il le fera avant d'utiliser la 3G ou un autre réseau. Et une fois connecté, vos services dans le Cloud sont accessibles.

Un projet transverse pour l'entreprise 

En synthèse, les objets connectés c'est déjà un sujet de Data et de Cloud. La DSI semble donc bien placée pour s'en occuper. En revanche, le rôle de la DSI n'est pas nécessairement sur toute la chaîne, du capteur jusqu'au portail. La DSI devra donc travailler avec les autres directions et pas toujours avec ses propres briques techniques. 

Et puis il n'y aura pas que de la technique. Car les objets connectés vont aussi amener d'autres sujets comme la sécurité, d'accès au SI mais aussi des personnes, la géolocalisation, l'éthique dans l'analyse des données clients, voir de législation a respecter pour les données personnelles et pour les données des salariés. Les règlements de services et les contrats de travail ne sortiront pas indemnes de cette arrivée massive d'objets qui vont couvrir certains, de la tête aux pieds.




Sans compter sur le rôle de la machine par rapport à l'humain, dans les organisations où les syndicats scrutent en permanence le déplacement de toute frontière dans l'organisation du travail.

Enfin, il y aura la question des objets amenés par les salariés. Une sorte de généralisation du BYOD. Pourront-ils se connecter au réseau, voir au poste de travail pour y synchroniser leurs données sur Internet? A qui appartiennent ces données?...

Dans le doute, les accès a ces sites seront bloqués par les équipes infrastructure, comme Facebook l'a été a ses début. Pourtant certains objets qui concernent leur santé et leur bien être peuvent aussi avoir un intérêt dans les bureaux de l'entreprise. Voir même être proposés par l'entreprise elle même.

Dans un tel contexte, on imagine que dans les grandes entreprises, souvent conservatrices, le passage de l'expérimentation au régime industriel, ne sera pas une simple balade de santé.

On peut donc se demander, si une unité spécifique en charge de la stratégie autour des objets connectés, n'aurait pas un sens si elle est pilotée par la DG?
Peut-être autour du fameux Chief Digital Officer.
Mais ce ne serait qu'une étape transitoire pour une réelle appropriation par les directions métiers (et un ancrage dans leurs processus) et par la DSIen tant qu'intégrateur de cette plateforme de données connectées, dont tout le monde aura besoin.

Alors 2015 l'année des objets connectés dans les entreprises?

Certainement pas pour la phase industrielle, compte tenu des sujets qu'elle soulève, sauf pour les secteurs où ce virage est un enjeu majeur pour la transformation numérique voir pour assurer leur survie avec un nouveau modèle. Fixons l'horizon a 2017.

En revanche, 2015 pourrait être l'année des objets connectés sur le front de l'expérimentation et de la réflexion sur l'architecture du SI de l'entreprise étendue.

Et pourquoi pas en 2015, favoriser l'achat, ou distribuer des objets connectés a vos salariés, sans aucun autre objectif que de se les approprier et d'imaginer des cas d'usages. 

Comme cela, dans les futures réunions sur le "pour ou contre les objets connectés", qui ne manqueront pas d'arriver, on aura des participants qui sauront de quoi ils parlent. J'ai toujours été frappé par les personnes qui ont des opinions tranchées sur Internet et n'utilisent à titre personnel, au mieux, que l'e-mail sans connaître la multitude des usages.

Autre source d'apprentissage pour l'entreprise et signe des temps, le premier salon professionnel de l'Internet des Objets qui se tiendra à Lyon au mois d'Avril.



Les objets connectés dans l'entreprise ne seront donc certainement pas un gadget de plus sur le bureau des salariés, mais bien un axe de transformation numérique, que la DSI peut faciliter en préparant la plateforme mutualisée dont ces objets leurs applications auront besoin. Sujet à garder sur son radar. 
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