samedi 18 juin 2016

Une agence du numérique pour les connecter tous


"La transition numérique est là et elle va s’amplifier dans les prochaines années !"
  
GreenSI ne peut qu'approuver cette phrase d'Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, de l'Industrie et du Numérique et d'Axelle Lemaire, secrétaire d’État au Numérique, pour l'inauguration cette semaine de "l'Agence du Numérique". Une agence, dont le E inversé du logo est là pour montrer sa volonté de rupture, mais dont le lancement est passé totalement inaperçu dans l'actualité, à côté de la fébrilité de la préparation du blocage de l'Euro que nous venons de vivre à Paris. 



L'Agence du Numérique est annoncée comme une force de frappe de l'État pour répondre aux enjeux de la transformation numérique de l'économie et de la société. 
 

Une transformation de l'économie qui va lui demander de se tourner vers tous les acteurs, publics ET privés, pour permettre à la France de se saisir des opportunités de croissance amenées par le numérique, d'améliorer l’efficacité de ses services publics, d'aménager numériquement le territoire et de renforcer partout le lien social. C'est ce que résume l'infographie ci-après :


L'Agence du Numérique reprend donc à son compte le plan France Très haut Débit, dont l'objectif est de couvrir d'ici 2020 l'intégralité du territoire en haut débit. Le 28 juin, la 3eme conférence annuelle de ce plan permettra d'en dresser un bilan depuis son lancement en 2013. Un plan dirigé par Antoine Darodes - économiste diplômé de Normale Sup qui est passé par l'Autorité de la Concurrence et l'Arcep - qui prend la direction de cette nouvelle agence du numérique. 

La dynamique amenée par la French Tech est certainement un formidable atout pour cette agence qui doit continuer de fédérer l’écosystème des startups françaises, accélérer leur croissance et faire rayonner la marque "French Tech" à l’international.

Se rapprocher des écosystèmes existants, en créer de nouveaux, conjuguer public et privé, constituent une nouvelle voie (le E inversé) déjà explorée par la French Tech et qui devra s'inscrire dans l'ADN de cette agence, pour faire converger les actions de l’État relatives au numérique, avec celles des autres acteurs, du privé mais aussi des collectivités locales qui sont très actives.

Pour ces dernières, l'agence se positionne comme un accès simplifié et direct aux politiques numériques nationales. Deux grandes collectivités sont d'ailleurs présentes dans le comité d'orientation de l'agence avec Johanna Roland, élue maire de Nantes ville labellisée "French Tech", et Karine Dognin-Sauze, vice-présidente de la Métropole de Lyon.

Quant au nouveau projet de "Société Numérique", il a pour objectif de favoriser l'accès aux usages essentiels et d'acculturer les citoyens au numérique. Ce qui ne manquera pas de mobiliser des trésors d'innovation et d'intelligence collective pour y arriver...

Finalement, "tous connectés" pourrait être le slogan de l'Agence du Numérique, qui vise à réduire toutes les fractures.
La question qu'on ne manquera pas de se poser est bien sûr : fallait-il une agence de plus pour cette transformation ?

Surtout que les missions du Secrétariat Général pour la Modernisation de l'Action Publique - SGMAP - peuvent converger vers des objectifs similaires de modernisation / transformation.

Et puis pour ce qui concerne la transformation numérique c'est dans le SGMAP que l'on trouve la coordination des Systèmes d'Information de l'État, des pièces maîtresses pour la transformation numérique, mais aussi dans l'ouverture des données (opendata.gouv.fr) et dans l'innovation (Etalab).



A côté du SGMAP, pour GreenSI, la capacité de transformation de l'Agence du Numérique ressemble quand même un peu à de la survente...
Elle y contribuera nécessairement, mais ça ne peut pas être suffisant. Le moteur est ailleurs. La French Tech par exemple stimule un écosystème d'entrepreneurs, qui lui pré-existe. Elle en améliore l'efficacité, comme un catalyseur accélère la vitesse d'une réaction chimique sans en changer les résultats.

Pour GreenSI, si on était dans le privé, cette nouvelle agence ressemblerait à une "direction des utilisateurs", qui doit déployer ses moyens pour s'assurer que tous les utilisateurs sont bien connectés au numérique, maîtrisent les compétences pour en bénéficier, pour en stimuler les usages, voire les retombées économiques auprès d'intra-preneurs.

C'était d'ailleurs le sujet du billet "N'est-il pas temps de rebooter la DSI ?" que d'explorer une nouvelle forme d'organisation quand le numérique est devenu une fonction opérationnelle dans l’entreprise et qu'une "Direction de l'Efficacité et de l'Attractivité des Collaborateurs" se préoccupe de la performance des utilisateurs. Ses services mixeraient les compétences de la communication interne, du développement des talents et du développement des usages numériques. 


Avec cet éclairage et en supposant une forte collaboration avec le SGMAP, la création de l'Agence du Numérique est une organisation originale qui devrait amener sa contribution à la transformation numérique de l'économie et de la société.

Sa priorité devrait être de développer le petit nouveau programme "Société Numérique". Les deux autres programmes étant d'ailleurs bien engagés.
Car c'est ce programme qui pourra amener plus d'utilisateurs à la table du numérique, sans oublier les PME françaises dont la faible présence en ligne est une fragilité économique certaine. Dans une économie collaborative et en réseau, la valeur croît avec le carré du nombre d'utilisateurs (loi de Metcalfe), et d'usages. D'où l'importance d'en augmenter au plus vite le nombre et les usages. Les startups parlent aussi de "growth hacking".

Mais maintenant créée et inaugurée, pour GreenSI, son seul objectif à moyen terme devrait être... de disparaître le plus rapidement possible !
Ce sera LE signal que tous les acteurs seront bien raccordés et engagés avec le numérique, qui sera alors devenu une banalité. Finalement c'est ce qui est arrivé au téléphone il y a 50 ans et dont on démantèle en ce moment les dernières cabines téléphoniques dans les collectivités locales.
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