samedi 6 octobre 2012

Un hackathon pour innover à la DSI en mode start-up

Un hackathon pour innover à la DSI en mode start-up

Le week end dernier dans les locaux de la pépinière Marseille Innovation, s'est déroulé le hackathon "Hack Data PACA" à l'initiative de la Région PACA de la Fing et de Merkapt, qui ont eu la bonne idée d'inviter des "mentors" issus d'entreprises afin de challenger les porteurs de projets. GreenSI présent a été bluffé par l'efficacité collaborative et l'intelligence collective déployée en si peu de temps, a tel point que cette approche semble mériter un billet pour que les DSI se penchent dessus pour le lancement de nouveaux projets
Un hackathon est un moment créatif intense qui réunit des développeurs informatiques, des designers, des usagers, des “créatifs”, etc., pour réaliser collaborativement des services/applications numériques :
  • sous la forme de business case,
  • de maquettes, prototypes
  • voire d’applications clé en main. 
Prévu sur deux jours, il inclut volontairement la nuit du Samedi au Dimanche (sont parfois sponsorisés par des marques de boissons hyper caféinées !) pendant lesquels de petites équipes (5 à 7) vont s'affronter pour soumettre leur résultat, à un jury qui élira la meilleure d’entre elles.

Tout commence le matin avec un brief des participants, venus chercher... l'aventure, avec tous un sac a dos bourrés de câbles, de routeurs et surtout d'idées!
La plupart ne se connaissaient pas avant le hackathon. Certains sont venus y trouver des partenaires pour un projet qui leur tient à cœur, d'autres juste passer un bon moment avec des gens intéressants. Les mentors eux sont venus se ressourcer auprès de tant d'énergie créative, et pourquoi pas identifier des candidats ou des projets à lancer dans leur entreprise comme pour la Région PACA qui elle souhaite développer des initiatives "opendata".

Sur des papiers blancs placardés au mur, certains vont inscrire leur projet et essayer de le "vendre" pour attirer d'autres participants qui vont venir y coller un post-it avec leur nom. La couleur du post-it indiquant le profil du candidat: designer, développeur, usager ou artiste. La salle s'est très vite transformée en "marché aux projets". Puis quand un projet pense avoir fait le plein de candidats de toutes les couleurs de post-it, il la quitte pour rejoindre une salle qui sera dédiée à leur projet.

En 45mn, six équipes se sont formées et sont motivées par un objectif commune de réalisation... c'est une première grande leçon de collaboration à méditer!

Une fois dans leur salle, après un premier tour de table pour se présenter et échanger ses emails, l'équipe prends possession des murs, via des paperboard, pour poursuivre le brainstorming et creuser leur intuition initiale. C'est la phase de création d'une vraie vision partagée et formalisée de leur projet. Ce week-end deux des projets furent par exemple "Fournir un service d'information pour trouver une plage" (c'est à Marseille !) ou "Cartographier ses zones d’intérêts personnelles pour choisir, acheter ou louer son appartement".

Pendant ce temps les machines connectées au Wifi commencent à échanger des mails et se connecter sur des espaces collaboratifs: GoogleDocs pour les spécifications, Twitter et le blog du hackathon pour partager avec les autres équipes.

Très vite se mettent en place les cas d'usages de l’application projetée et les choix techniques. Comme on a besoin d'une carte pour localiser les plages, ce sera OpenStreetMap (la communauté du libre est bien représentée!). Ça tombe bien on a un représentant régional d'OpenStreetMap à la table, qui partage sa connaissance des API et de comment les utiliser. Pour l'ergonomie après une exploration rapide, on retient un site assez proche de ce que l'on veut faire pour se donner des idées. Petit brainstorming pour le nom de l'application, et ainsi de suite, chacun amène sa brique à l'édifice et échange son expérience.



L'équipe a démarré à 11h le samedi. Dès le départ elle a affiché un paperboard avec la liste des livrables et la contrainte du lendemain dimanche à 16h. Toutes les heures un point était fait collectivement sur l'avancement et la répartition des tâches. A 18h l'équipe quitte la salle avec une spécification terminée, une répartition des tâches et une longue nuit qui s'annonce pour ceux qui vont monter le serveur, y installer les frameworks Java et commencer le codage.


Le lendemain toutes les pièces commencent à s'assembler: le code, la présentation pour l'oral, le business modèle pour le financement du service,... et à 16h comme prévu tout est terminé et le jury commence son travail de sélection. Bravo Marc, Fabien, Stéphane, Martine et Jean-Marie pour votre boulot !


En 30h chaque équipe a produit au moins, une spécification, une maquette et une présentation, et le plus important elle a vécu une histoire intense qui lui a donné envie d'aller plus loin et de mieux se connaître. Je ne sais pas vous mais c'est très au delà de tout ce que j'avais déjà vu dans une DSI, même avec des approches Agiles qui sont déjà un bon début pour casser les codes.

Et si c'était le moment de repenser nos approches amonts?
Le moment de penser en dehors de la boite ("Think out of the box") et de mettre plus d'agilité en amont des projets et de nos méthodes très (trop ?) structurées, avec des démarches innovantes et de "l'ideation" avant de rentrer ensuite dans une phase normale d'industrialisation.





Or nos méthodes ont été pensées pour réduire les risques, refuser l’échec et tout mettre en mode industriel. Une start-up va au contraire trouver son énergie dans le risque, car si elle réussie, ce risque devient une barrière à l'entrée pour les autres. Et elle voit l'échec comme un moyen de progresser en terme d'expérience pour se préparer à lancer... la prochaine start-up à succès. Cette dynamique est aussi un moteur de motivation des équipes.

C'est donc peut être plus d'agilité dans nos phases amont qu'il faudrait explorer avec par exemple un hackathon incluant des personnes internes mais aussi (surtout) externes à l'entreprise. Et pour cela, un écosystème de start-ups ou de clients est peut être un bon levier pour se changer les idées et surtout les méthodes. Non, vous ne pensez pas?

L'humour de ceux qui aiment le numérique