dimanche 28 décembre 2014

Les SI en 2014: entre rétrospective et perspective

Voici venue l'époque des rétrospectives. GreenSI ne voulait pas non plus passer à côté de cette opportunité d'exploration, le nez dans le rétroviseur, pour mieux se préparer à aborder la suite en 2015.

En 2014 la bataille des DSI s'est engagée sur 4 fronts pour accompagner la transformation numérique des entreprises et collectivités locales: utilisateurs, clients, usine et métiers.

Abordons, au travers de l'actualité 2014, ces quatre terrains pour mieux apprécier l'évolution des acteurs.
Mais comme choisir c'est renoncer, GreenSI n'a gardé que ce qui illustre des transformations en cours. Et vous allez voir qu'il y en a beaucoup, d'où ce billet en deux parties.

Sur le front de l'Infrastructure

  • La sécurité des SI sur la brèche en 2014
  • Le "legacy" sous le tapis
  • L'open source incontournable dans le cloud
  • La consolidation de l'industrie des télécoms en Europe
  • La réalité d'une offre "cloud français"
Sur le front des Utilisateurs

  • Savoir compter de 7 à 10, la saga Windows
  • La bombe à retardement du BYOD
  • Le collaboratif en panne, l'e-mail repart
  • Poste de travail en entreprise: PC, tablette ou smartphone?
Sur le front des Métiers 

  • En 2014, le Digital Business, c'est pour de vrai
  • DSI et Digital Business, quelle organisation?
  • Le bigdata est mort voici les mégadonnées
  • IBM, Microsoft et SAP... la transformation des dinausores?
  • Ça coince toujours pour transformation des SI de l'Etat
Sur le front des Clients

  • Les Google glasses: pour innover en mode "fail fast!"
  • La French Tech porte le numérique sur le devant de la scène

La Sécurité des SI sur la brèche en 2014


Ce n'est que la poursuite d'une tendance et non une rupture, mais 2014 a été marquée par le sujet de la sécurité.

Dès janvier les données de 4,6 millions de comptes Snapchat sont compromises. Puis au tour de Skype d'être piraté par des partisans du régime syrien, la Snecma d'être ciblée par des hackers via Internet Explorer, de Home Depot de révéler que 56 millions de cartes bancaires de ses clients sont parties dans la nature et d'Orange qui s'est fait pirater les données privées de 800.000 clients.


Le piratage similaire de la chaîne de distribution Target a conduit à la démission du DSI.

La DSI est aussi sur le pont quand la faille Heartbleed est découverte dans OpenSSL, utilisé par des millions de sites et de serveurs, dont ceux des entreprises qui utilisent l'open source pour leurs sites Internet.

Cet incident fut la démonstration de la capacité du logiciel libre a fournir rapidement des correctifs, et de l'intérêt pour le libre d'être utilisé par les Géants du web (Google, Facebook,...) qui ont mis sans tarder leurs équipes pour combler la brèche béante.

L'offre en matière de maîtrise de la sécurité pour les entreprises s'est renforcée en 2104avec Orange qui s'offre Atheos, spécialiste de la cyberdéfense. Une  cybersécurité prise très au sérieux au plus haut de l'Etat avec l'extension des pouvoirs de l'ANSSI, et un investissement de 100 millions pour la sécurité des SI de l'Elysée. Il est vrai que les révélations sur la NSA en 2014 ont confirmé la lecture de 200 millions de SMS par jour et l'espionnage systématiques d'ordinateurs, mêmes déconnectés (via des chevaux de Troie).

Enfin, GreenSI ne peut pas ne pas parler de la plus élégante des attaques par DDoS - "Denied of service" - quand Google a affiché sa condamnation par la CNIL (comme elle l'avait contraint de le faire) en mettant un lien depuis sa page d'accueil vers le site de la CNIL... qui s'est immédiatement effondré, et a eu beaucoup de mal a rester en ligne tout le weekend.

Cette "atttaque" fut nominée pour le prix de l'humour IT 2014 de GreenSI, mais attendez la fin du prochain article pour découvrir le gagnant final de ce prix.

Le "legacy" sous le tapis

Il y a 50 ans, le 7 avril 1964, IBM lançait son System/360 dont l'architecture matérielle et les logiciels inauguraient l'ère des systèmes informatiques. Des mainframes qui allaient demander un responsable des systèmes, puis en se développant dans l'entreprise, un Directeur des Systèmes d'Information. 
Un père qui devient bien encombrant quand le DSI ne s'en est pas encore débarrassé. Un environnement mainframe qui doit encore perdurer et dont la maintenance et l’évolution des applications sont difficilement financées, car les DSI peinent à convaincre les dirigeants de l’entreprise de leur accorder des budgets.
Et pourtant il faudra bien réécrire certains programmes au coeur des processus. La notion de dette technique n'est pas encore toujours comprise, mais pas souvent expliquée par les DSI eux-mêmes.

L'open source incontournable dans le cloud

OpenStack est un ensemble de logiciels open source permettant de déployer des infrastructures de cloud computing. De nombreuses entreprises ont rejoint la Fondation OpenStack dont IBM ou Intel. En 2014 Cisco fait l'acquisition de Metacloud et propose une solution SaaS de déploiement de cloud privé basée sur OpenStack. Un acteur de plus qui rejoint les adeptes de cet open source. Suivi par SAP qui rejoint le développement d'Openstack et HP qui investit 1 milliard dans Openstack.

OpenStack semble bien parti pour régner sur les environnements cloud.

Autre acteur de l'open source, Docker lève 40 millions de dollars pour poursuivre le développement de sa solution de virtualisation d'applications du même nom.
Une opportunité pour les DSI de faire d'une pierre deux coups, adopter l'open source et le cloud, via des clouds hybrides dont ils gardent la maîtrise ou qu'ils confient a des partenaires.

La consolidation de l'industrie des télécoms en Europe

La dégradation des marchés des services de télécommunications en Europe a stimulé les opérateurs a se rapprocher pour réaliser des économies d'échelle et d'améliorer leurs parts de marché.

Deutsche Telekom met en vente sa filiale T-Mobile US, qui intéressa un moment Illiad, mais qui finalement acheta Orange Suisse en fin d'année. De son côté Numericable a bouclé le rachat de Virgin Mobile et BT achète EE.


La transformation de l'industrie des télécoms en engagée en 2014 et impactera a terme les offres et la stratégie des grandes DSI, pour le transport de données ou les offres de communication des salariés.

La réalité d'une offre de cloud "français"

En 2014 c'est Cloudwatt qui relance la lutte face à Numergy en sortant (enfin) son offre d'un cloud hébergé en France et dont l'actionnariat est contrôlé en cas de tentative de rachat par un acteur non français. De son côté Numergy se fait agréer en juin 2014 Hébergeur de Données de Santé (HDS).

Mais n'oublions que les offres « made in France » existent aussi en dehors ce ces deux opérateurs issus du programme de cloud souverain de l'État. Chez Ikoula ou OBS par exemple.
Enfin on peut déplorer qu'en 2014 l'Europe n'ait pas mis le cloud européen dans son agenda.

Savoir compter de 7 à 10, la saga Windows

Le destin de la DSI est fortement lié a celui de ses fournisseurs. D'où l'importance d'en changer pendant les périodes où leurs offres ne sont plus en phase avec le marché, ou du moins dans ces moments de se reposer les bonnes questions et de ne pas reconduire mécaniquement les contrats.
Et 2014 en a certainement fait douter plus d'un sur la version de Windows à installer. 

Le seul consensus de l'année: éradiquer Vista.
En revanche Windows XP s'arrêtant le 8 avril 2014, la résistance s'organise pour conserver ces machines qui fonctionnent encore très bien pour piloter les processus industriels ou l'information voyageur dans les gares par exemple.

Windows XP + Windows 8 : la pire équation possible pour Microsoft?

Conduisant HP à continuer de vendre des PC avec Windows 7, car Windows 8 n'a pas eu le succès escompté (8% en Europe en mars). Le patch de mars, version 8.1, fut très attendu car les utilisateurs voulaient que le bureau fasse son retour comme écran et s'annonca comme le vrai départ de Windows 8 pour les DSI.


Mais voila qu'en juillet le "patch tuesday" déclenche des "écrans bleus" et même des données perdues... les DSI sont encore sur le grill à cause d'un de leur fournisseur.
Windows 9 doit être dévoilé le 30 septembre par Microsoft mais ce n'est pas l'avis du nouveau CEO Satya Nadella qui demande de revoir la copie. Ce sera donc Windows 10, un nouvel OS hybride, et une approche différente qui sera choisie: plus d'1,5 million de testeurs, ou "insiders" avec un lancement annoncé à l'automne 2015 au plus tard.

Fin 2014 Windows 8.x double enfin Windows XP en base installée... et on aura parlé de 5 versions de Windows en un an dans l'actualité. 

Et d'ailleurs, pourquoi garder le Windows que la DSI a dans la chaussure au fait? 

En 2014 les Google Chromebooks sous Android explosent... mais restent un marché de niche adapté a certains usages. 
C'est aussi la sortie d'iOS 8 en septembre. Mais le Mac est-il un corps étranger pour l'entreprise? Apple a du mal a s'y développer et va s'associer avec IBM pour cela. 

En revanche, pour les tablettes et les smartphones, c'est iOS qui domine les déploiements en entreprise en 2014. Microsoft est présent avec WP8, mais uniquement sur les terminaux Windows Phone de Nokia dont il remplace la marque Nokia par 'Microsoft Lumia'. Fin de l'histoire de celui qui a rayonné sur la téléphonie mondiale.


La bombe à retardement du BYOD

Près de 8 millions de foyers français sont équipés d'une tablette. Vous pensez vraiment que vos salariés se sont pas concernés et qu'ils sépareront les usages professionnels des usages personnels? Peu de chance que ce soit le cas.

En 2014, le BYOD - Bring Your Own Device, a été régulièrement sur le devant de la scène, avec la question de sa maîtrise, que ce soit celle de son déploiement ou... de son interdiction quand le BYOD se transforme en informatique clandestine ("Shadow IT"). La question reste entière et les études montrent que les usages varient entre l'Europe, les Etats-Unis et l'Amérique du Sud (Brésil leader).

Le fameux portail de services, front office de la DSI orientée services, ne devrait-il pas l'intégrer? Capgemini et VMware se sont associées en 2014 pour annoncer une offre et aider la DSI à gérer le BYOD. Mais si les employés peuvent très bien comprendre ces problématiques de sécurité pour l'entreprise et de contrôle des appareils, voir d'accès a leurs données personnelles (photos, vidéos, SMS, etc.), il y a aussi des limites qu'ils ne souhaitent pas dépasser. 

Le BYOD ce n'est donc pas encore gagné.

C'est bien la bataille pour le contrôle du terminal qui est engagée entre les utilisateurs et l'entreprise.

Et puis après le BYOD, le BYOS - Bring Your Own Software - arrive. Et 2014 a montré la vigueur de ces offres de services en ligne complémentaires aux terminaux. Par exemple la nouvelle levée de fonds pour Dropbox désormais valorisé à 10 milliards de dollars. Le marché des plateformes de stockage en ligne et d'applications en ligne est en très forte évolution. Box prêt à entrer en bourse et à lever 250 millions de dollars et le Français Oodrive qui rachète Active Circle.


Le collaboratif en panne, l'email repart

En 2014 Google entreprise change de nom pour Google for Work et décroche plusieurs contrats mondiaux. Longtemps seul sur ce créneau, les outils gratuits d'Office débarquent sur Office.com et Microsoft OneNote devient gratuit sur Mac et Windows.

IBM lance Connections 5, la nouvelle version de sa plateforme de collaboration.

Ces suites sont dopées par le développement du mobile et surtout des tablettes. Mais rencontrent la nouvelle concurrence des plateformes de stockage (BoxDropbox...) associées à des interfaces emails qui se sont toutes améliorées en 2014.

De son côté Google lance Inbox, une interface qui catégorise les emails automatiquement et amène une certaine intelligence pour gérer un flux d'emails toujours plus en plus important. 
Total et Siemens annoncent en 2014 qu'ils veulent bannir la consultation des e-mails en dehors des heures de bureau, et mais Siemens dément dès le lendemain.
2014 c'est aussi le bilan de l'inititative "Zero mail" d'Atos qui a voulu convertir tous ses employés au social. Le chemin accompli est énorme mais l'objectif "zéro" était un peu trop ambitieux.

C'est aussi la refonte pour OutlookYahoo! et même Laposte.netL'email semble ne pas vouloir disparaître, mais sa boite devenir plus intelligente et fortement mobile.

D'ailleurs, signe des temps, Facebook va ferme son webmail (@facebook) montrant que social et email sont encore deux domaines séparés, mais s'offre WhatsApp, messagerie instantanée uniquement sur mobile, pour 19 milliards de dollars... juste avant que Google ne mette la main dessus.


Poste de travail en entreprise: PC, tablette ou smartphone?

2014 ne sera pas l’année de la reprise pour le marché mondial des PC. C’est ce que confirme le cabinet IDC qui prévoit un nouveau recul des livraisons d’ordinateurs. Pour les constructeurs, il s’agira donc de la 3e année consécutive de baisse.

Quelle est la stratégie tablettes pour votre entreprise?
La question s'est posée à plusieurs DSI en 2014. A la Société Générale par exemple dans le cadre de son programme de transition numérique « DigitForAll » qui va déployer les tablettes avec des solutions bureautiques. Et a Air Francequi outre d'autoriser ses clients à utiliser smartphones et tablettes pendant le vol, va aussi poursuivre l'équipement de son personnel navigant.

Mais la DSI a parfois du mal a rompre sa relation avec un autre fournisseur, BlackBerry. Même si en 2014 la CNAV aura montré l'exemple en abandonnant BlackBerry au profit de l'iPhone.
Ce sera pour BlackBerry l'année du retournement avec "seulement" 207 millions de dollars de pertes contre presque 1 milliard un an auparavant. Un BlackBerry prêt a céder sa division messagerie (BBM), qui se lance dans les appels vocaux et le social, a l'instar de Whatsapp, un produit peut utilisé dans les entreprises.


Mais fin d'année les ventes de tablettes ralentissent, au profit des hybrides. Pour IDC, les quatre trimestres auront été marqués pour Apple par un recul des ventes mondiales d'iPad. Apple, comme les autres fabricants de tablettes, souffre de la saturation du marché et d'un cycle de renouvèlement plus long qu'attendu (mais rassurez vous avec les marges sur l'iPad peuvent souffrir longtemps).

Du côté des pros, la Surface Pro 3 débarque en France et vise les pros. Microsoft perd encore de l'argent avec Surface, mais ce peut être une piste pour certains usages, a condition de sortir du piège Windows 8 qui s'est refermé sur sa stratégie tablette (vue des consommateurs). Et puis signalons la tablette durcie de Samsung pour le marché professionnel, la Galaxy Tab Active qui embarque un lecteur NFC, et l'alliance Apple/IBM dans les entreprises qui est une vraie chance pour l'iPad.

Côté smartphone, 2014 c'est le lancement de l'iPhone6 le 9 septembre avec 10 millions d'exemplaires vendus en quelques semaines. Le phénomène Apple n'est pas prêt de s'arrêter.



En 2014, le digital business, c'est pour de vrai

Dès janvier, Google a fait alliance avec les constructeurs automobile pour envahir le prochain des grands objets connectés après le smartphone: la voiture. Mais quelques mois plus tard, voilà que Google dévoile son propre prototype de voiture 100% autonome qui pourrait bientôt être autorisé à rouler en Californie. Une société de technologie qui concurrence des constructeurs avec du logiciel pour piloter un produit grand public, c'est l'illustration de l'ère du "digital business" quand le logiciel devient business.

L'entreprise qui a la capacité de le construire et de le maîtriser, possède un avantage concurrentiel qui peut déstabiliser rapidement une industrie. Sujet développé par GreenSI dans sa trilogie sur l'économie des applications.

  

Et quand Tesla Motors, et son génial patron ingénieur Elon Musk créateur de Paypal et de SpaceX, fabrique une voiture électrique plus rapide que tous les prototypes des constructeurs historiques, c'est une nouvelle démonstration de la capacité d'innovation de rupture des startups. Mixez les deux, logiciel et innovation de rupture, le cocktail risque d'être explosif dans toutes les industries.


 

Cela a au moins eu comme conséquence en 2014 d'accélérer la R&D des constructeurs. Ford a annoncé tourner le dos à Microsoftpour ses voitures connectées et a annoncé un partenariat avec Blackberry et son système d'exploitation QNX dérivé d'Android. La bataille ne fait que commencer.

Des startups auxquelles les grands groupes commencent à s'intéresser, comme Siemens qui crée cette année un fonds de 100 millions de dollars. Ou Crédit Agricole qui monte un incubateur géant, centre d'innovation dans Paris Le Village by CA, et GDF SUEZ qui organise un hackathon géant pour réinventer la relation clients dans l'énergie.

Mais quand on compare les $100 millions de Siemens, au crowdfunding (sites pour les particuliers comme kickstarter) qui aurait permis de lever 78,3 millions d'euros, on mesure que le pouvoir "de la multitude" peut être proche de celui d'un grand groupe pour financer l'innovation. De quoi remettre en cause beaucoup d'idées préconçues, déjà mises à mal par le fait que, depuis quelques années, l'innovation technologique vient de plus en plus des marchés grands publics (notamment financés par la publicité) et moins des marchés entreprises.  


De plus, pour l'instant il semble que "le ciel soit la seule limite" (sky is the limit) si on regarde la croissance folle d'Uber. Une startup qui a réinventé l'expérience de déplacement dans la ville, et surtout cristallisé toutes les frustrations autour de cette nouvelle économie, qui sera bientôt valorisé plus de 10 milliards de dollars.

Les startups intéressent aussi les géants du net. Quand Google rate une opportunité, il n'hésite pas a y revenir, notamment dans la maison connectée où il s'est offert en 2014 Nest pour $3,2 milliards. Et a voir les gadgets connectés du CES 2014, où d'ailleurs la France fait déjà bonne figure, dans le futur tout sera connecté.

Bienvenue dans l'économie des applications. Et pour se donner un dernier ordre de grandeur, Apple a annoncé en 2014 avoir atteint les 10 milliards de dollars de revenus grâce aux Apps. Soit la moitié du chiffre d'affaire de SAP: la valeur des logiciels est peut être en train de se déplacer dans ce monde hyper connecté...


DSI et digital business, quelle organisation?

La question du rôle de la DSI, au sein de l'entreprise, pour mener cette transformation a clairement marqué l'actualité de 2014.


Faut-il morceler la DSI ou doper son leadership sur le numérique? On a même vu  un article "Les têtes doivent tomber à la DSI". Mais bon, c'était un 1er avril...
Il n'y a pourtant pas de fumée sans feu car pour 28% de dirigeants IT, il n’y aura pas de transformation numérique réussie de l’entreprise sans changement de direction au sein de la DSI.

Mais au delà de la question de l'organisation, ce que 2014 a amené, c'est la question de l'agilité pour fabriquer ce SI opérant dans ce monde numérique et d'une certaine façon de la capacité de la DSI à innover dans un monde numérique.

Connaissez-vous DevOps? Le chaînon agile manquant. En 2014 les projecteurs (conférences et témoignages) ont été mis sur cette démarche née quelques années auparavant et dont les adeptes augmentent tous les jours. Une transformation qui demande aussi de revoir ses méthodes de développement et de mettre en place de l'API management pour mieux échanger et contrôler avec son écosystème. Une étude a aussi révélé qu'un quart des budgets logiciels vont aller aux applications mobiles. L'industrialisation de leur développement, dans des environnements mobiles toujours plus complexes et hétérogènes, est devenue en 2014 une priorité.

Heureusement les offres pour outiller la DSI et prendre en compte cette dimension DevOps arrivent. Avec des éditeurs traditionnels comme CA et le français Axway, mais aussi avec l'open source où des startups qui se lancent sur ce créneau, de la gestion des livraisons à l'API management en passant par les livraisons en continue.

Et dans ce contexte, le datacenter, cloud privé, hybride ou public, redevient stratégique.


SEPA, fin de la saga

Bascule décalée, puis re-décalé, la saga SEPA s'est terminée en 2014. C'était le prix a payer pour avoir un système de paiements unifié au niveau européen et l'adaptation de toutes les chaines informatiques qui en découle. Mais au moment où j'écris ces lignes, des courriers sont encore envoyés par des entreprises, pour s'excuser auprès de leurs clients de problèmes de prélèvement par mandat SEPA. 


Le bigdata est mort, vive les megadonnées

Si vous n'avez pas entendu le terme bigdata, c'est que vous revenez d'un voyage interstellaire. Même l'académie française sait ce que c'est, puisque que 2014 sera l'année de l'officialisation du terme « mégadonnées », pour le remplacer dans la langue de Molière. Un terme qui désigne ces volumes de données hétérogènes qu'ils va falloir traiter en temps réel pour y trouver de la valeur.


Et quand on mixe bigdata et open innovation on trouve par exemple le site Datascience.netqui propose aux "datascientists" français (ces profils de statisticiens que l'on s'arrache), de relever différents challenges proposés par des entreprises dans le domaine de l'analyse de données. Ainsi la SNCF voudrait mieux prévoir son trafic en gare et Ecometering, la filiale "smart energy" de GDF SUEZ, modéliser les consommations électriques des professionnels.


Mais le big data risque de buter sur la raréfaction des compétences, à l'instar de Salesforce qui serait en train, aux Etats-Unis, de "siphonner" les compétences de LinkedIn en embauchant méthodiquement, et un a un, son équipe de datascientists. 


IBM, Microsoft, SAP... la transformation des dinosaures?


En 2014, IBM France a fêté son 100eme anniversaire et est loin de disparaître comme le prévoyait une tribune à laquelle GreenSI avait répondu par un billet d'inspiration darwinienne (pourquoi les dinosaures ne vont pas disparaître) et qu'ils allaient se transformer.

L'évolution est engagée en 2014 a coups de milliards. Dans Watson, la division autour des données, de la reconnaissance du langage et du prédictif, dans Softlayer le réseau de datacenter nouvelle génération, dans Cloudant éditeur de base de données NoSQL accessible dans le Cloud.

Mais IBM en 2014 c'est aussi la vente de sa division serveur à Lenovo, 10 ans après la vente de la division PC. 

Malheureusement c'est aussi un plan social en Europe et en Inde, qui touche la France et le site historique de La Gaude. Signe de cette transformation interne sans précédent, la fronde sur Facebook des salariés IBM avec la page"Roadmap to Hell".

IBM n'est pas seul dans sa transformation. Oracle, SAP, Microsoft, Dell et HP, pour ne citer qu'eux, sont aussi des entreprises qui ont vu les débuts de l'informatique et doivent en 2014 remettre un tour de vis dans leurs stratégies de marchés.

Des poids lourds qui comptent encore puisque que pour l'étude de PWC publiée en mars 2014, Microsoft, IBM, Oracle et SAP dominent le marché des logiciels et du SaaS. Et le SaaS génère 86% des revenus mondiaux du Cloud. Mais leur transformation est engagée et plus généralement dans le logiciel car pour le Truffle 100 cuvée 2014, la croissance des ventes de logiciels des 100 premiers éditeurs européens passe de 10% (chiffres 2012) à 2,7% (chiffres 2013).  

Dell qui s'est retiré de la bourse, après la reprise par son fondateur Mickael Dell, a engagé en 2014 un plan social sans précédent de 20 à 30% de ses effectifs.


HP va supprimer 11.000 à 16.000 emplois de plus et poursuivre son recentrage.

SAP a passé une année sous le signe du cloud, poursuivant l'acquisition de solutions SaaS (Concur pour 8,3 milliards de dollars, spécialistes des notes de frais). SAP veut devenir une entreprise du Cloud et entame pour cela une réorganisation en interne avec des annonces de postes supprimés (1.500 à 2.500 selon Reuters) 

Chez Microsoft2014 c'est l'année de Satya Nadella aux commandes qui veut réinventer Microsoft. Windows Azure risposte face aux offres d'Amazon et de Google. La guerre des prix du stockage fait rage dans le cloud. Une restructuration est aussi engagée et la Finlande fait grise mine (pays de Nokia), avec l'annonce de 18.000 emplois supprimés dont 70% chezNokia.

Mais citons aussi la création en 2014 de la .Net Foundation pour saluer la "libération" en open source d'une partie du code de .Net et l'alliance avec IBM afin de porter des applications majeures de Big Blue dans le Cloud de Microsoft. Deux choses impensables quelques années auparavant, la transformation est bien en marche.  


Pour Oracle2014 c'est l'année du passage de témoin de Larry Ellison à la conférence annuelle. Pour GreenSI Oracle manque d'une stratégie lisible, c'est maintenant à Mark Hurd (ex HP) de la définir. Quoi qu'il en soit Oracle utilise en 2014 son trésor de guerre pour racheter a tout va dans le SaaS et dans le CRM au sens large (marketing et analytics).

Plus près de nous, en France,  2014 aussi sous le signe de la consolidation pour Sopra-Steria, devenue une ESN de 35.000 salariés, dont 8.000 en offshore, mais aussi pour Atos qui s'offre les activités informatiques de Xerox et de Bull.
L'emploi informatique en France a baissé, puis s'est re-stabilisé, puis rechute en novembre, avec paradoxalement des compétences très recherchées. La transformation va faire entrer l'industrie dans une période moins prévisible.

Pour les DSI c'est un risque d'instabilité de leur fournisseurs traditionnels.


Ça coince toujours pour la transformation des SI de l'Etat

2014 est une année qui restera difficile pour les SI de l'État.

Le projet Dossier médical personnel a engloutis 500 millions d'euros pour des résultats peu probants, alors comment le relancer?

Louvois lui a coûté des centaines de millions depuis son lancement puis son arrêt en 2013. Mais cet arrêt ne règle rien et en 2014 il faut maintenir les chaines obsolètes des payes des corps d'armées, et définir un nouveau système cible qui engloutira lui aussi certainement des centaines de millions d'euros.

Sans citer les dégâts collatéraux de l'ecotaxes sur les systèmes d'information du transport de marchandises, même si ces systèmes (et leurs investissements) ont été montés par le privé pour assurer un service public de collecte. 

Et puis nouveau Premier Ministre oblige, l'informatique de l'État aussi va devoir faire des économies (40 millions). Pas de quoi affoler un DSI d'un grand groupe du privé, habitué a ces restructurations, mais pas simple dans un contexte de gouvernance des SI de l'Etat actuellement très éclatée entre ministères et agences autonomes.

Le renfort de cette gouvernance (via un décret du 1et Aout 2014 qui place les infrastructures et les systèmes d’informations transverses des ministères sous la tutelle des services du Premier ministre), sera assurée par Jacques Marzin a la tête de la DSI de l'Etat, dont le rôle pour la transformation numérique de l'Etat sera bien sûr essentiel. Comme celui du DSI du privé dans la transformation numérique de son entreprise, tout simplement. 

L'Etat prend aussi conscience en 2104 de ces opportunités du numérique (et des risques) et confie une mission est à Philippe Lemoine pour évaluer les opportunités pour la France de cette transformation numérique. Un rapport qui sera rendu en fin d'année, après changement de Ministre et de Secrétaires d'Etat au numérique. Ce sera aussi l'année d'un discours du chef de l'Etat sur la stratégie numérique de l'Etat, très orientée cyberdéfense, et la nomination d'un CDO - Chief Data Officer - pour la France. 

Maintenant yapluka !


Les Google Glasses: pour innover en mode "fail fast !"

2014 l'année de lancement des Google Glasses.


Certains pourront ergoter sur les flops de Google, en oubliant que c'est l'un des fondamentaux de l'approche d'innovation que de prendre des risques, et parfois d'échouer, pour identifier les vrais marchés et les vrais besoins. 2014 aura été l'année de la fermeture de nouveaux services de Google (Bump, Flock...) et de l'éclatement de la bulle des Google Glasses.


Peut-être que ces lunettes high tech ne verront pas le jour (au delà des prototypes achetés par des milliers de fans). Mais elles démontrent la démarche d'innovation tout azimut de Google dans tous les domaines et nous rappellent les règles de l'innovation.


Pour GreenSI, la DSI devrait s'approprier cette démarche d'essais-erreurs et d'adaptation permanente de ses projets et processus, de miser moins sur plus de chevaux et de savoir arrêter des applications peu utilisées.  


La French Tech porte le numérique sur le devant de la scène


Sur le front du support au numérique français, 2014 restera l'année du décollage de la FrenchTech. Cette marque pour la technologie française, derrière laquelle les milliers de startups françaises, en tout point du territoire, se sont retrouvées. Donc bravo à cette initiative des secrétaires d'Etat au numérique, Fleur Pellerin, puis Axelle Lemaire.


Un numérique qui s'est aussi invité dans les campagnes des municipales 2014 des grandes villes, et notamment à Paris. Mais le chemin sera long car l'étude des programmes de campagne a aussi montré que la France numérique avance à deux vitesses, et que la très grande majorité des Français attend encore le TGV (maturité des élus très faible, aménagement du territoire en haut débit, services en ligne locaux...)

En revanche, les citoyens eux, sont de plus en plus connectés et l'écart se creuse avec les élus. Comment accélérer cette mutation numérique restera une question pour 2015.


Prix de l'humour SI 2014

Le prix de l'humour SI 2014 est finalement décerné par GreenSI a Arnaud Montebourg qui a menacé de rendre "illégal" Google en obligeant l'hébergement des données en France, et a appelé à la création d'un OS "made in France". 
Bel élan patriotique! Et résister c'est déjà se préparer à la transformation numérique.

Mais la stratégie numérique est malheureusement beaucoup plus compliquée que cela, et surtout se gagne par l'ouverture et non par des tranchées. Peut être qu'il faudrait explorer un peu mieux le logiciel libre avant de signer des contrats "open bar" aux éditeurs américains et ensuite se plaindre de leur pouvoir, non?...


GreenSI vous souhaite une excellente transformation numérique en 2015! 

Continuez de le suivre sans modération en 2015 !

samedi 13 décembre 2014

L'intégrale de la trilogie : l'économie des applications

Retrouvez l'introduction Digital Business, l'économie des applications et entrez avant les autres dans la 3ème ère des systèmes d'information d'entreprise.

Une bataille sans merci va s'engager pour les DSI. Adapter le système d'information et garder un rôle d'ouverture, et non de contrôle, dans le développement de l'entreprise numérique : La guerre des CIOs (Episode IV)

Une première bataille victorieuse les conduira a repenser leur gouvernance dans ce monde "Digital First", a scinder leur SI en deux parties dont une tournée vers l'innovation numérique, avec en son cœur la maîtrise de la plateforme technologique : L'usine à logiciels contre-attaque (Episode V)

Ainsi, après avoir consolidé ses positions internes, le nouveau DSI promu Chief Engineering Officer va s'attacher à trouver des alliés. Ceux qui savent modifier le monde avec des lignes de code, les nouveaux Jedi des temps numériques : Le retour des développeurs (Episode VI).

La planète DSI est loin d'être sur une orbite tranquille de la galaxie...


mardi 9 décembre 2014

Le retour du développeur (Episode VI)

Résumé de l'épisode V: L'usine à logiciels contre-attaque
Dans la nouvelle économie des applications, le DSI s'est muté en Chief Engineering Officer et pense "Digital First" pour faire entrer son SI dans la 3eme ère. Une ère où le logiciel est différenciant et où, les nouvelles usines à logiciels, reviennent pour englober, de façon agile, toute la chaîne de développement: BusDev et DevOps.
Au coeur de ces usines, réside la Force de l'architecture et du code: c'est le retour du développeur, le dernier billet de la trilogie.
La planète DSI est loin d'être sur une orbite tranquille de la galaxie...

GreenSI est persuadé que les années qui arrivent vont remettre sur le devant de la scène le développeur. Et avec lui le code et l'architecture.
Si vous pensez que Python est un serpent, que Java est une ile d'Indonésie, que le coeur noble de votre DSI c'est les études (ou le contrôle de gestion), et que tout le reste peut être sous-traité dans des pays low-cost, cet article est pour vous!

Car vous risqueriez de ne pas survivre dans la nouvelle économie des applications...

A la fin, c'est le code qui fera la différence

L'avantage concurrentiel de l'entreprise numérique réside bien dans sa capacité a produire du code performant et de qualité qui composera l'ADN de ses produits, services et processus.

Pour s'en convaincre, regardons en premier un secteur où les marchés sont devenus majoritairement numériques depuis longtemps: les bourses (marchés financiers).

Le trading y est progressivement devenu automatique avec des algorithmes sophistiqués, au delà des performances d'un humain, puis la fréquence de transactions s'est accélérée pour donner le THF (trading haute fréquence).

Ce trading logiciel THF peut ainsi exécuter des opérations sur les marchés financiers en moins d'une microseconde, pour exploiter des micro-anomalies de cours quand elles apparaissent, ou en vendant avant les vendeurs réels et en rachetant plus bas (après qu'ils aient vendu et donc fait baisser le cours).

De l'autre côté du spectre, une industrie très récente née dans le numérique, l'activité de Criteo, qui personnalise les publicités qui s'affichent sur les pages des sites en fonction de qui regarde la page. Quelques millisecondes pour traiter des algorithmes de prédiction exploitants des centaines de téraoctets (les traces de l'internaute collectées sur tous les sites marchands par lesquels il est passé).

Bien sûr, ces performances ne sont possibles qu'avec une architecture et une infrastructure adaptée, mais qui ne fait qu'un avec le code.

Même si dans certaines industries la vitesse d'exécution ne sera pas le seul atout, le time-to-market par exemple sera très important dans le e-commerce, la performance sera certainement essentielle dès qu'on touchera à l'expérience utilisateur. Et dans le domaine du "big data" qui agite tous les secteurs, ce sera encore le plus rapide qui comprendra avant les autres en analysant les données et décidera avant les autres d'en tirer un avantage concurrentiel.

Dans ce contexte, est-ce que vous pensez toujours que le dossier d'étude du THF, ou que sa refacturation aux Directions Métier, est LE point central?

Il est certes essentiel pour préparer la phase de développement, mais entre deux sociétés sur le même marché, ce qui fera la différence dans ce monde numérique, ce sera le code. Et si vous achetez cette idée, alors vous serez aussi d'accord sur le fait que sous-traiter au moins disant la réalisation de vos développements, relève peut être du poker.

Bien sûr, vous pouvez fixer des critères de performance dans les contrats et espérer que l'architecture logicielle mise en place sera conçue et testée dès le départ pour respecter cette performance. Sachant que les tests, en production et en charge, ne sont pas toujours simple a réaliser. Mais dans ce cas, ce n'est pas toujours le moins disant qui sera le mieux placé. Cela vous demandera aussi de vous impliquer dans le suivi de la réalisation, au moins pour vérifier que les critères d'acceptabilité sont respectés.

C'est donc peut être la fin de la sous-traitance "aveugle" du développement par les DSI. Du ré-équilibrage dans les projets entre les montants dépensés dans les études avec des consultants généralistes, et ceux dépensés avec des spécialistes de l'architecture logicielle et du développement. Et pourquoi pas de l'embauche de développeurs architectes dans les DSI. Certainement une piste de réflexion pour les ESN pour reconfigurer leurs offres de prestations à la DSI.

Des développeurs et des compétences... différentes!

Python et Java sont des langages et correspondent a des compétences techniques, très distinctes a un niveau avancé. Or c'est à ce niveau avancé que se fera la différence entre vos applications en ligne et celles de vos concurrents.  Une différence qui se traduira dans l'expérience utilisateurs et dans le développement de l'entreprise numérique.

Les compétences techniques ont un prix et le salaire d'un développeur dépend de ses compétences. Ce que parfois les contrats cadres voudraient nous faire oublier, en affichant des taux moyens qui ne déboucheront que sur... des développeurs moyens. Une nouvelle perspective qui ne sera pas simple a apprécier et intégrer dans les procédures achats quand le seul critère est souvent uniquement le nombre d'années d'expérience (pas nécessairement sur la compétence demandée).
 
D'ailleurs l'étude annuelle de Urban Linker spécialiste du recrutement web est une source très intéressante de données sur les salaires des métiers techniques du Digital.  
Des salaires qui dépendent de l'offre et de la demande car avec de nombreuses startups qui recrutent à la mission et des freelances qui se vendent au plus offrant, il existe un vrai marché pour ces compétences de développement.

Par exemple, vieillissement oblige, HTML4 / CSS2 est une compétence qui n'est plus demandée alors que celles des Frameworks open source ou de développement d'applications mobiles le sont plus. Un DSI m'a même confié cette semaine qu'il existait aux Etats-Unis des impressarios pour les développeurs stars, qui s'occupaient de gérer leur carrière. 

Si vous continuez a toujours prendre le moins disant, vos applications risquent de ne jamais bénéficier des experts. Et puis rappelez-vous le point développé dans Digital Business: l'économie des applications, vous allez à l'avenir développer plus d'applications qu'aujourd'hui. Notamment dans l'interface avec vos clients. C'est ce qu'il ressortait de l'enquête réalisée par CA.

Le code, un apprentissage fondamental?

Mais la question du développeur et du code dépasse le périmètre de la DSI. C'est aussi une question qui de société dont les associations et les politiques s'emparent.

Cette semaine, à l'occasion d'un discours TV sur l'avancée du plan numérique de l'éducation nationale, François Hollande a appelé à l'apprentissage du code à l'école et à la citoyenneté numérique. Précédé ces dernières années par les secrétaires d'Etat au numérique, Fleur Pellerin et Axelle Lemaire, qui ont bien déblayé la route des annonces, au pays de Hugo et Rousseau, où l'on se soucie plus généralement de manier le verbe et la plume, que le numérique.

En espérant aussi que l'apprentissage du code ne fera pas oublier que les élèves éduqués sont qu'un produit de sortie, et que c'est bien l'usine Education Nationale qu'il faudra transformer avec le numérique, avec les MOOC par exemple, et pas uniquement le produit de sortie.

Certaines préparations aux écoles d'ingénieurs comme l'Epita, ont intégré l'algorithmique et l'apprentissage du code dans leurs cursus (sciences informatiques)  au même titre que les mathématiques et la physique, les deux piliers classiques du chemin vers les grandes écoles d'ingénieurs.

Sur ce sujet de l'apprentissage du code, une excellente synthèse est le livre de Frédéric Bardeau et Nicolas Danet: Lire, Ecrire, Compter, Coder dans lequel GreenSI y a trouvé "Ce savoir est devenu un passeport pour l'emploi, tout au long de la vie, au même titre que lire, écrire et compter." ... "comment faire pour qu'il ne soit pas réservé à certaines élites? la majorité des développeurs hommes".

Les (meilleurs) développeurs sont donc déjà bien perçus comme l'élite de l'économie numérique. Et ceux qui sont passés "du côté obscur de la force", les hackeurs, sont bien identifiés comme les ennemis (ou les alliés) dans les conflits du cyberespace.

De part le monde, les initiatives pour l'apprentissage du code fleurissent. Du 8 au 14 décembre, est organisé par Code.org l'opération #HourOfCode (1 heure de code) pour inciter tous les enfants à s'ouvrir aux langages informatique.
Deux mois après l'initiative européenne CodeWeek qui avait les mêmes objectifs.

Une initiative soutenue dans une vidéo par Mark Zuckerberg et Barack Obama, entre autres célébrités.
Le site de l'association fourmille d'ateliers qui permettent aux enfants (et plus grands) d'apprendre les concepts du code, comme la programmation évènementielle, avec par exemple le jeu Flappy Bird, développé en 48h et qui rendu son jeune auteur tellement riche en quelques semaines, qu'il en a perdu la raison...

Alors prêt pour le retour des développeurs à la DSI?
Pour GreenSI c'est une carte qu'il ne faudrait pas sous estimer à l'avenir.

dimanche 7 décembre 2014

WebTV FAN 2014 - Qu'est ce qu'une ville intelligente?

53% des humains vivaient dans des villes en 2013, ils seront 70% en 2050. 

Ils cohabitent et cohabiteront avec de plus en plus d’objets connectées : feux rouges intelligents, voitures connectées, compteurs intelligents...



De nouveaux services apparaissent comme par exemple l’analyse prédictive dans la police pour plus de sécurité ou dans les transports pour favoriser la mobilité. 

Qu’est-ce qui se cache derrière le concept de Ville intelligente ou Smart Cities ? Quels sont les enjeux et les nouveaux services rendus aux citoyens et aux entreprises ? Comment gérer les datas générées par les objets connectées de la ville en respectant le citoyen ? 

Lors du FAN 2014 à Paris organisé par l'Aproged, débats entre:
  • Eric Wolfarth / IBM Smart Cities
  • Philippe Baudoin / Idate
  • Frédéric Charles / Lyonnaises des Eaux - Suez Environnement

La data: marchandise du 21eme Siècle

Cet article de GreenSI  a été publié dans le Veille magazine - numéro spécial sur la Gouvernance de l'Information.

Les eco-systèmes numériques vont se généraliser avec le développement du Digital Business. Les données vont circuler au sein, et entre, ces eco-systèmes. Ce sera la marchandise du 21ème siècle.


lundi 1 décembre 2014

Pourquoi Google et les GAFAs dérangent les politiques européens?


Il y a 19 mois GreenSI comparait Google à un État (voir Google, la startup qui voulait se faire aussi grosse qu'un État). A l'époque c'était le 76ème État du monde par comparaison avec le PIB. 

Aujourd'hui, avec un chiffre d'affaires de l'ordre de 60 milliards en 2014 (+10 milliards et 1000 salariés de plus) Google continue sa croissance, multiplie les projets dans tous les domaines (santé, transport,...) et commence a terroriser les politiques européens. Les politiques américains, eux, sont bien contents que ces entreprises portent une partie de la croissance de leur PIB.


Un second billet (voir Comprendre Google ou Facebook, relisez StarWars) reprenait la fin du premier billet qui annonçait que Google aller maintenant monter une armée de (an)droïds (clin d'oeil "Star Wars") et réussir à influencer le "Sénat de l'Empire", pour reprendre la main sur la destinée du monde moderne. Comme les autres GAFAs d'ailleurs (Amazon, Facebook, Apple) annonçant l'avènement de l'ère de la "Fédération du Commerce" toute puissante. C'était de l'humour...

Cette semaine nous venons de passer de l'humour au déclenchement des premières hostilités. Le "Sénat de l'Empire", aka le Parlement européen, vient de réagir et déclarer la guerre à Google!

A la manoeuvre le nouveau Parlement européen qui veut « dégrouper le moteur de recherche des autres services commerciaux ». Sans citer Google, mais c'est bien Google qui est visé à plus de 90% de parts de marché en Europe.

Alors prenons de la hauteur. Car au delà de la question de distorsion de concurrence, les GAFAs dérangent les certitudes politiques. L'actualité politique est d'ailleurs régulièrement marquée par la volonté de lois "anti-Google" (Arnaud Montebourg par exemple) ou plus radicalement par leur filtrage dans certains pays (Chine, Iran...), comme le montre la carte publiée récemment par ExpressFM. 



Alors pourquoi les GAFAs dérangent le politique?

Dans ce nouveau cyberespace à construire et dans lequel se plongent (au sens figuré mais aussi au sens propre avec les Oculus Rift) plusieurs heures par jour, 3 milliards d'individus sur terre, les GAFAs et leur flottille de startups qui en dépendent, créent de nouveaux mécanismes qui menacent les fondements de la politique: la relation aux citoyens
  • Ils fédèrent les internautes en communautés
  • Ils contournent (légalement) le physique par le numérique
  • Ils créent les services publics numériques attendus par les internautes
  • Ils ont une vision technologique de l'évolution de la société

Ils fédèrent les internautes en communautés

Le premier de ces mécanismes: le rassemblement de millions de personnes pour collaborer et partager, sans supervision directe des États (même si la NSA en a démontré la limite aux États-Unis). 

Rappelons nous qu'en France, même si la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 évoque dans son article II la notion d'association, c'est pour parler d'association politique, pas du tout d'associations d'intérêts privés.
La nouvelle Assemblée nationale constituée après la révolution, s'est alors attaché, dès sa constitution, a dissoudre toutes les communautés (religieuses, d'habitants, de métiers, collèges, hôpitaux, confréries, congrégations...). Ce n'est qu'en 1848 que les associations réapparaissent dans la constitution française jusqu'à la fameuse loi de 1901.

La "multitude" organisée en temps réel est quelque chose de nouveau, de puissant, qui fait encore peur, même aux gros poissons que sont les États. Dans le livre "L'Age de la multitude" de Nicolas Colin et Henri Verdier, la multitude y est décrite comme la clef du succès des organisations et la richesse des nations... qui auront su d'adapter à la révolution numérique. Mais toutes ne souhaiteront pas s'adapter.



Pour Clay Shirky, journaliste spécialiste d'internet qui est intervenu dans une conférence TED (comment Internet transformera un jour le gouvernement?), cet apprentissage collectif n'en est qu'au début. Il débouchera sur une organisation plus autonome, s'appuyant sur notre relation au réseau, et qui ne passera plus nécessairement par les structures sociales de nos démocraties. Les jours des parlements seraient-ils comptés?

Ils contournent (légalement) le physique par le numérique

Quand on nous explique qu'avec le numérique rien ne change, que ce n'est qu'un outil (comme dans le plan numérique de l'éducation nationale par exemple) et que les lois du "monde physique" s'y appliquent de la même façon, et bien les GAFAs s'y engouffrent et arrivent a déplacer leurs revenus dans les pays les plus arrangeants et à ne pas payer d'impôts. 

Car via leurs plateformes et avec l'aide des opérateurs, ils ont créé une réelle mondialisation: une circulation libre des données.
 
Et avec la traduction instantanée, qui est depuis plusieurs années un objectif de Google (dans Wave on pouvait tchatter en temps réel en multi-lingue) c'est bien la libre circulation des idées qui est aussi visée. Pouvoir s'exprimer dans sa langue et être compris partout dans le monde, voilà le type de challenge qui cherche, par le numérique, a contourner les barrières physiques des langues.

A titre de comparaison l'Europe est un patchwork de langues et de législations, forcément incohérentes entre elles, qui reconnait la libre circulation des personnes, mais, quand il s'agit de communiquer en déplacement d'un pays à un autre, n'arrive toujours par supprimer les frais de "roaming" entre opérateurs de télécoms (les mêmes que ceux que les GAFAs ont dompté pour la circulation des données). Vu de Mountain View, plus de vingt ans après l'introduction du GSM, le standard européen de communication, cela prête certainement à sourire.

Les règles de fonctionnement dans le cyberespace sont forcément spécifiques. Elles doivent être négociées mondialement et les parlements en sont loin, même à l'intérieur de l'Europe. Comme d'ailleurs le sont depuis l'origine ses standards techniques ou la gestion des noms de domaines de l'Internet. 

Mais qui dit règle ne dit pas automatiquement contrôle, parfois le reflex pavlovien du politique. Les règles permettent aussi l'architecture (l'informatique a emprunté l'urbanisme aux politiques d'ailleurs) mais aussi le développement économique ou social. Ces règles doivent autant stimuler et développer, qu'empêcher et limiter. Un équilibre délicat.

Ils créent les services publics numériques attendus par les internautes

La seule chose qu'on ne peut pas reprocher aux GAFAs c'est d'écouter les internautes pour construire les services qu'ils attendent. Et quand les services ne marchent pas, ils les stoppent rapidement (ex. Google Wave). Qui a pensé à Hadopi? Quel mauvais esprit!

J'ai procédé a un petit sondage auprès de jeunes pour savoir comment ils résumaient Google en 3 mots. Il en ressort: tentaculaire, en expansion, efficace, universel, grand public. Un cocktail de mots à consonances positives et négatives, mais loin d'être un rejet du modèle. Car finalement la seule menace qui terroriserait Google, serait de perdre ce lien essentiel avec les internautes. D'ailleurs, pour s'y préparer au début de son histoire, Google a lancé une campagne interne "Dont be evil" qui avait fait couler beaucoup d'encre.

Aujourd'hui Google se positionne sur tous les domaines de la e-administration: interactivité (Gmail, Hangout), information (Recherche, Youtube), participation (Google+), valorisation du territoire (Maps, Earth, Local), paiements (Wallet), démarches en ligne (Google Apps). Que des applications gratuites mises à la disposition des citoyens et des associations partout dans le monde connecté.

Côté États, certains comme la Finlande sont très en avance dans la e-administration, mais la majorité des États n'ont pas encore tiré parti du numérique et n'ont pas encore transformé leur administration. Le numérique y est vu comme quelque chose en plus alors qu'il doit repenser le fonctionnement même de l'administration. La transformer dirait GreenSI...

Qu'est-ce qu'un formulaire dans un monde numérique par exemple? Un écran de saisie? C'est une vision un peu simpliste de la chose. La réduction du nombre de formulaires administratifs, le fameux "choc de simplification", n'est qu'une première étape pour aborder les notions plus structurantes dans un monde numérique, et dans lesquelles l'administration doit se lancer: les référentiels de données, la gestion de ces données et des plateformes globales. 

Car la force des services de Google est qu'ils ne sont pas cloisonnés par service comme le sont parfois les administrations, voir au sein de chaque administration quand elles ont eu la riche idée d'avoir des SI différents par zone géographique, pour le même service (décentralisé).
 

D'ailleurs quand il s'agit d'impôts et de sécurité, les ordinateurs de l'État ne se privent pas de croiser les données et d'aller chercher l'information au delà des formulaires déclarés...

De la simple identité numérique actuellement détenue par les GAFAs (leur login est certifié et permet de se connecter a d'autres sites, y compris avec ses moyens de paiements associés) aux MOOCs qui repensent la relation élèves-professeur, les GAFAs offrent a chacun qui en accepte le prix (le partage de ses données personnelles) des services publics numériques de qualité, qui auraient pu être développés par les États, mais qui ne l'ont pas été. Point.

Certains se souviennent peut être que l'Europe a tenté de lancer son propre moteur de recherche Quaero ("je cherche" en latin), et injecté de l'ordre de 200 millions d'euros de fonds publics et privés, pour déboucher sur... des prototypes. Un constat douloureux qui démontre que même avec l'ambition politique et des moyens, les projets des GAFAs qui reposent sur les internautes et le capital risque semblent beaucoup plus efficaces.
Pourquoi est-ce qu'on utilise Google? Parce qu'il trouve et vite, et c'est tout. Il n'est pas le seul (Microsoft Bing aux Etats-Unis a plus de 20% de parts de marché) mais peu en change car ils sont satisfait du service. 

Ils ont une vision technologique de l'évolution de la société
Alors quand Google, s'appuyant sur la démarche "Moonshot Thinking" (voir Quand notre culture bride notre capacité d'innovation) se lance tout azimut dans les projets de santé, d'accès internet pour tous, d'intelligence artificielle ou de maison intelligente... le sang se glace chez les eurodéputés. 

 
Des projets qui donnent une vision, stimulent l'innovation et définissent un projet de société, ce que devrait être le débat politique.
 
On peut être pour ou contre la voiture sans chauffeur, les lunettes connectés, la livraison par drone, les GAFAs ont réussi a réveiller tout le monde et faire parler: et si le transport en commun public ultime était la voiture sans chauffeur, qui circule dans la ville en fonction des demandes des citoyens? Avec le développement de l'économie de partage (Blablacar, Buzzcar,...) ce serai bien imprudent de croire que l'offre de transport publique se limite à celle du secteur public.

A un moment ou l'augmentation de l'abstention aux élections européenne atteint un sommet, un débat sur l'avenir et le rôle de la technologie, même animé par les GAFAs, peut présenter un intérêt dans une démocratie qui doit faire des choix de société par rapport à la technologie. Bien sûr pas que dans le transport, mais aussi dans la santé avec le développement des nombreux objets connectés.
Mais revenons a ce coup de semonce du parlement. 

Faut-il séparer le moteur des services commerciaux?

L'abus de position dominante est une enquête vieille de 4 ans engagée par la Commission Européenne. Et les faits sont troublants quand on trouve en priorité dans les résultats de recherche, les produits poussés par Google et non ceux des comparateurs de prix comme Kelkoo ou des agrégateurs d'offres de voyages comme Expedia. Mais cette enquête n'avance pas assez vite pour les députés du nouveau Parlement Européen.

Sur le fond, la proposition de séparation est raisonnable pour garantir une indépendance et une neutralité des résultats. Une sorte de moteur de recherche "service public" (mondial), qui garantisse un accès neutre et non commercial au sites et contenus sur Internet. 

Des positions qui s'inscrivent dans les travaux de nombreuses positions d'associations d'internautes citoyens comme la quadrature du net. Des associations qui d'ailleurs parfois rappellent à l'ordre les Etats eux même quand ils deviennent "envahissant".

Mais il serait naïf de croire que l'objectif de Google puisse être de construire ce moteur de recherche neutre. Comment serait-il finançé alors? Par une taxe sur son usage? Et si c'est par la réutilisation des données, il faudra bien les transférer aux services commerciaux.

La première question que devrait se poser un député c'est peut être de comprendre "pourquoi le service public européen de recherche Quaero n'est pas opérationnel après 5 ans de recherche et d'investissements de fonds publics, et le sera t-il jamais?". 

La seconde c'est "à qui appartiennent les données qui resteront dans le domaine commercial et peut-on en encadrer la réutilisation". Et là on est sur le terrain des CNILs européennes, mieux armées que le Parlement pour comprendre et traiter ces sujets. Un domaine où les citoyens européens auraient grandement besoin d'être protégés un peu mieux que par les conditions générales des sites des GAFAs qui changent régulièrement de façon unilatérales.

Pour GreenSI, la question posée par les députés européens n'est donc pas la bonne et amène de la confusion par rapport aux démarches déjà engagées.
Google ne s'est pour l'instant pas exprimé. Mais on aurait voulu enterrer ce dossier pour 4 ans de plus qu'on ne s'y serait pas pris autrement qu'avec un grand buzz médiatique qui mènera nul part. Et quatre ans à l'échelle de Google c'est 4 changements d'algorithme de recherche, plus de 40 milliards de croissance de son chiffre d'affaires et certainement le développement réussi d'au moins un de ses projets "fous" qui aura ouvert un champ totalement nouveau de l'exploration des données. Les recherches partent de plus en plus des cartes, où Google et Apple sont aussi bien installés, et demain seront vocales depuis son smartphone Androïd ou iOS.

Il sera alors bien temps de mettre en place un moteur "neutre" 1.0 à l'ancienne, que personne n'utilisera, car ses résultats seront certes neutres mais totalement non personnalisés. Car de Google à l'épicier de votre quartier, de mieux vous connaître, permet d'améliorer votre expérience utilisateur et de vous simplifier la vie. Votre seul soucis étant de choisir un épicier qui ne soit pas trop bavard...

L'humour de ceux qui aiment le numérique