jeudi 1 décembre 2016

Le futur de l'industrie et l'industrie du futur

"Le numérique c'est le futur de l'industrie et l'industrie du futur", comme le disait il y a déjà quelques années le président du Syntec Numérique.
L'industrie du futur, quand on est un lecteur régulier de GreenSI, on en doute pas : que ce soit avec la création d'emplois de la filière informatique qui n'a jamais flanché depuis les années 80, ou l'émergence partout de nouveaux métiers devenus nécessaires avec le numérique. Le numérique est une industrie qui exploite les gisements de données de la planète en y valorisant les inefficacités qu'elles révèlent.

Une illustration cette semaine avec une étude du très sérieux Boston Consulting Group démontre que, en France, la création de 22 000 emplois a été réalisée dans le seul domaine des chauffeurs de VTC, avec un potentiel de dizaines de milliers d'autres d'ici à 2022 (si la réglementation ne verrouille pas l'offre). 

On a souvent dit que le numérique cannibalisait totalement d'autres industries comme la Musique ou l'Edition par exemple. Aujourd'hui, on sait que la réalité est que ces industries ne sont pas transformées pour adopter le numérique et qu'au contraire elles ont cherché à en faire "un truc de plus" et surtout "un truc en dehors". Le résultat est celui que l'on connaît avec une chute des ventes et surtout la pérennisation des nouveaux acteurs qui se partagent maintenant une grande partie des profits.

Depuis, l'industrie de la Musique à compris que les plateformes, les consommateurs, leur expérience, et les modèles "à la demande" étaient les piliers d'une nouvelle économie dont elle s'est mise en dehors toute seule, et cherche à revenir dans le jeu. 

Le secteur industriel n'échappera pas non plus à la révolution numérique. 
 

Cette semaine, La Fabrique de l'Industrie, le think tank co-présidé par Louis Gallois, publiait "L'industrie du futur: une compétition mondiale" pour parler en réalité du futur de l'Industrie.
Le numérique est l'avenir de l'industrie !


Un rapport qui visait certainement les candidats à la primaire de la droite et du centre pour la Présidentielle de 2017. En France, l'Industrie a été moins concernée que d'autres par la révolution du numérique et sa nouvelle économie, mais l'évolution technologique aidant, le numérique ne transforme plus que l'interface avec les clients ou le monde des services, il commence à aborder aussi la transformation des processus de fabrication des produits.

Les "num labs" et autres "cantines numériques" où de nouveaux modèles naissaient sont maintenant rejoints par des Fablabs où le prototypage et la petite série est mise à la portée de ceux qui ont des idées pour imaginer de nouveaux produits, dont beaucoup connectés et utilisant le Cloud. On va observer la même vague de transformation des produits que l'on a connu avec les applications; une tendance qui a commencée avec les objets connectés.

Sur GreenSI, on a déjà abordé les promesses du BIM - Building Information Modeling - quand l'industrie de la construction se voit collaborer autour d'une maquette numérique, de l'idée du bâtiment à son exploitation.

On a aussi exploré le plan "Industrie 4.0" d'Angela Merkel, une politique visionnaire, qui a compris il y a plus de 6 ans qu'il fallait stimuler la vision du futur de l'industrie allemande pour la transformer et essayer de garder l'avantage compétitif qu'a l'Allemagne en ce domaine. Le chiffre 4 faisant référence à la quatrième révolution industrielle après la vapeur, l'électricité, l'électronique et l'informatique. Un plan Industrie 4.0 qui avait bien identifié le risque de ne pas digitaliser des pans entiers des processus de fabrication et d'attirer les GAFAs Américains à la recherche d'inefficacités, quand de l'autre côté du sprectre concurrentiel les Chinois et les Coréens produisent moins cher avec plus de qualité.


Un plan, mais aussi la vision d'usines connectées, flexibles et intelligente (smart), permettant à la fois la personnalisation des produits et leur production de masse, avec l'utilisation intensive de robots configurables à la demande et de plateformes de collaboration. Le numérique est bien au coeur d'une bataille géopolitique pour la compétitivité des Etats.

Dans ce contexte, le plan "Industrie du futur" engagé en 2015 (initié en 2013) pour accélérer la transformation de l'outil de production du tissu industriel français, et son volet d'accompagnement des entreprises françaises, est bien sûr essentiel, au moins pour rester dans la course.

Comment réorienter de façon efficace la recherche publique et les formations d'ingénieurs, reconnus mondialement, là où se passe cette bataille c'est-à-dire dans les PME et les ETI ?

Les technologies "transformatrices" sont connues, et évoluent à grande vitesse: robotisation, simulation, internet industriel des objets (IIoT), imprimantes 3D, analyse prédictive... comme l'a analysé le Boston Consulting Group dans une autre étude sur l'Industrie 4.0. Elles doivent maintenant reconfigurer les chaînes de fabrication et les business modèles des PME françaises...


Mais au-delà de ces technologies, c'est bien leurs connexions qui va décupler leur capacité de transformation, à un moment où GreenSI voit l'architecture des systèmes d'information adopter de nouveaux paradigmes dont l'industrie et les systèmes complexes peuvent bénéficier.
  • le Cloud est devenu la plateforme de collaboration par excellence.
  • On sait aujourd'hui gérer et piloter du quasi temps réel sur internet. Ceci va profondément changer les systèmes de pilotage des chaînes de production installées souvent localement.
  • Les architectures orientées messages (comme Twitter) sont matures et permettent des fonctionnements sur la base d'abonnement et de publications a des chaînes de messages (au lieu de requêtes dans des bases de données), qui simplifient la coordination dans les systèmes complexes répartis.
  • L'open source est le socle des architectures les plus robustes et les plus réparties
Cette année, SEB a dévoilé une stratégie pour son support après-vente et la gestion des pièces détachées qui illustre cette nouvelle façon de penser avec le numérique.

Là où l'industrie a pensé pendant des années "panne implique remplacement" et a cherché à réduire ses coûts de production pour sans cesse remplacer les modèles, SEB - le spécialiste du petit électroménager - pense "panne = réparation + services". Un paradigme qui semble promis à un bel avenir quand on intègre le coût du recyclage des produits et la raréfaction des matières premières notamment des métaux rares. Et puis, en consultant des bases d'objets 3D en open source, on y trouve déjà des pièces d'équipements SEB comme cette partie de mixer, réalisé par un client.

Et justement les technologies transformatrices peuvent réaliser ce nouveau paradigme avec une maîtrise de l'impression 3D, et de ses progrès à venir, pour avoir la capaciter à imprimer plus de 20.000 pièces détachées dès 2017, allonger ainsi la durée de vie de ses produits et offrir plus de services à ses clients.

Une impression 3D qui demande à SEB de constituer la base des modèles numériques de ses pièces imprimables en 3D et de mettre en place une organisation pour les fabriquer les imprimer, au plus près de l'appareil à réparer quitte à revoir totalement sa logistique et réduire ses stocks. Enfin, SEB s'est associé à une jeune start-up, Pollen AM, pour accélérer sa maîtrise de ces nouvelles technologies, ce qui montre qu'un effet indirect de développer la #FrenchTech sur les territoires est peut-être aussi d'irriguer ses innovations dans les entreprises établies.

C'est bien ce type de transformation où l'industriel prend l'opportunité de se repositionner sur la chaîne de valeur qui est encouragé par ce rapport.



Il ne faudra donc pas non plus négliger l'adaptation des compétences. La modernisation de l'industrie peut déjà commencer avec l'offre technologique actuelle.

Le Made in France a finalement plus d'avenir qu'on ne le pense si l'Industrie sait négocier le virage numérique à prendre. Les atouts de la France sont d'avoir de réelles compétences dans l'industrie du futur, le numérique, qui ne demandent qu'à être mises au profit du futur de l'Industrie.
Un futur que vous pourrez explorer la semaine prochaine au salon Smart Industries. 


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