dimanche 31 décembre 2017

Back to the future en 2017

Back to the future en 2017

Pour ce dernier billet de l'année je vous propose de regarder ensemble dans le rétroviseur de la quarantaine de billet publiés en 2017. Un exercice que je fais régulièrement pour apprécier la vitesse de la transformation digitale de la société et surtout les faits que l'on sentait importants et qui se sont révélés comme des points d'inflexion ou de rupture. Généralement les trajectoires qui suivent sont totalement modifiées.
2017 a commencé comme les deux années précédentes avec un buzz croissant en France autour du CES à Las Vegas (Pourquoi tant de buzz autour du CES à Las Vegas? ). Les cocoricos de la jeune #FrenchTech n'y sont pas pour rien. Cette année là le CES est devenu pour GreenSI le "Car Electronic Show" (billet) déplaçant les géants de la Tech bien sûr, mais surtout les constructeurs automobiles qui jusque là misaient sur le "Mondial de l'automobile" pour leurs annonces. Le CES à Las Vegas va t-il devenir pour quelques années le salon mondial de l'automobile et de son écosystèmes de services, maintenant que le sujet est la voiture connecté, électrique et autonome et plus le nombres de cylindres du moteur ? Nous saurons si cette trajectoire se confirme à partir du 9 janvier 2018. En tout cas c'est bien une voiture qui est sur la Home du salon ;-)

jeudi 28 décembre 2017

RGDP: épée de Damoclès sur l'innovation européenne?

La fin d'année est une période où pleuvent les prévisions technologiques, pour 2018 et après.

Il est généralement un peu tard dans l'entreprise de s'en préoccuper à cette période car les budgets sont bouclés avant la fin d'année, mais comme c'est le marronnier du mois orchestré par les cabinets de conseils et maintenant la communication autour du CES de Las Vegas, alors tout le monde doit y passer.

La vision de GreenSI est qu'un certain optimisme technologique fait peut-être oublier les difficultés de mise en œuvre (de transformation des organisations) et aborde dans ce billet les difficultés à venir du contexte réglementaire autour des données qui se durcit.

Cette année la prédiction incontournable est l'intelligence artificielle.


Pour 2020 les experts nous prédisent par exemple la création de l'ordre 2 millions d'emplois liés au développement de l'intelligence artificielle, et la destruction d'un peu moins d'emplois (le solde prédit est positif). Comme ces emplois ne vont pas être tous être créés le 31 décembre 2020, dès 2018 des centaines de milliers d'emplois vont apparaître.

Pourtant la vision de GreenSI est moins optimiste sur ces prédictions au sein de l'Europe.
En effet, ces prévisions s'appuient sur la disponibilité et la capacité de traitement de grandes sources de données, certaines personnelles. Or, pour GreenSI beaucoup de ces prévisions font l'impasse d'une épée de Damoclès que l'Europe a mise sur tous ses champions : le Règlement Général de Protection des Données (ou GDPR en anglais).

En effet, à partir du 25 mai 2018, le RGPD va fortement contraindre le traitement des données des entreprises européennes. Ce règlement de 99 articles - et plus de 100 pages - est en fait déjà actif mais les sanctions ne pourront arriver qu'après cette date.

En théorie, le champ d'application de ce règlement est limité aux données personnelles et à tous les traitements concernant des données d'européens ; mais en pratique la notion de donnée personnelle peut-être est très large après recoupement. Et les experts ne sont pas toujours d'accord entre eux dans les analyses, ce qui induit un risque d'interprétation. Il est donc très vraisemblable que ce règlement crée en Europe un environnement plus anxiogène (car plus facilement contrôlable, avec des moyens de collecte des amendes déjà en place), donc une épée de Damoclès pour toutes les entreprises localisées en Europe.


Par exemple, la plate-forme numérique TaQadam permet d'entraîner une intelligence artificielle (IA) à reconnaître des objets sur les photos en distribuant des images via une application mobile à des travailleurs partout dans le monde (notamment des réfugiés Syriens). Ces utilisateurs voient là un moyen immédiat de monétiser leurs facultés humaines de reconnaissance d'images.

Ce projet est d'ailleurs soutenu par des ONG pour cette finalité.

Cette IA deviendra ensuite progressivement autonome mais aura toujours besoin d'un "contrôle qualité" de ses résultats, même si on peut imaginer qu'elle aura progressivement besoin de moins d'utilisateurs humains pour ces contrôles versus sa création.

Cet exemple a été volontairement pris en dehors de l'Europe pour se poser une question importante concernant la GDPR. Peut-on envisager de développer cette startup au cœur de Paris ou de Bruxelles dans l'un de nos incubateurs européens?


Et bien cela va dépendre de ce qu'il y a sur les photos ! Comble de l'ironie, car c'est bien pour savoir ce qu'il y a dessus que l'on développe cette technologie...

Si elles ont par exemple été prises dans la rue sur une voiture qui a une caméra HD à l'avant et une à l'arrière et qui enregistre de façon autonome en roulant, ce sera très compliqué d'opérer à Paris. Le risque d'avoir beaucoup de données personnelles est élevé.

Cela aurait pourtant permis de développer des IA, qui ensuite, de façon autonome, pourraient diagnostiquer nos villes et fournir de précieux conseils pour les gérer (tags, nids-de-poules, dépôts sauvages...).
Mais l'innovation ne s'arrête pas là. Cette application sera certainement développée en dehors de l'Europe, où le RGPD fait peser trop d'incertitudes sur ce projet, et les investisseurs localiseront leurs traitements là où ce sera plus simple. L'Afrique, le Moyen-Orient et l'Asie ne manqueront pas de pays qui accueilleront ces nouveaux "centres de traitements" à bras ouverts.

Pour GreenSI, après le dumping fiscal qui exploite les écarts de réglementation à l'échelle de la planète, l'Europe est en train de créer les bases du "dumping traitement des données" en créant une telle distortion dans la localisation des captures des données et des traitements.

En revanche, une fois cette IA développée et codée dans une caméra, on pourra l'exploiter en Europe. Ainsi , sans aucun stockage, cette caméra intelligente permettra de mettre en œuvre son intelligence en temps réel sans enfreindre aucun règlement. Ce bijou aura donc été développé par des ingénieurs non localisés en Europe ; et les millions d'emplois pour l'apprentissage de l'IA de nos prévisions seront également localisés en dehors de l'Europe. D'où la prudence affichée par GreenSI sur les prévisions en matière d'IA.

On peut aussi imaginer qu'ils puissent être localisés en Europe de manière "irrégulière" pour prendre l'image du travail non déclaré et l'étendre aux "traitements non déclarés"...

Le RGPD va mobiliser les rares ressources qui comprennent le sujet et les données, va créer des doutes sur les usages et demander de multiples validations (comme on les aiment) pour les projets de traitement de données. 

De là à dire que le RGPD va bloquer en Europe des projets d'innovation majeurs, il n'y a qu'un pas que GreenSI franchi sans aucune hésitation. 


Le crin de cheval qui retenait l'épée de Damoclès ne pourra que lâcher...

Et puis derrière le RGPD se cache également le règlement "ePrivacy", qui va demander d'obtenir l'accord des consommateurs pour tout enregistrement d'information, et qui va en l'état acter la fin des cookies (légaux) en Europe.

À titre d'illustration, le 14 décembre notre licorne nationale Criteo s'effondrait en bourse d'un quart de sa valeur, car Apple, qui avait restreint l'utilisation des cookies sur iOS, commençait à impacter ses comptes prévisionnels.

Sans aucun doute les GAFAs, par le contrôle des navigateurs et leur maîtrise de l'expérience clients, n'auront pas de mal a être conformes aux nouveaux règlements. Quel utilisateur de Facebook ou de Gmail ne validera pas la demande et prendra le risque de perdre son profil, toutes ses données et de ne plus utiliser leurs services ? Et puis Facebook a déjà commencé à proposer des fonctionnalités "hors Europe" non disponibles pour les profils européens. Le RGPD ne va pas stopper les fonctionnalités exploitant les données personnelles, il va les écarter de l'Europe.
En revanche, ce sera beaucoup plus difficile pour de nouvelles startups ou des médias avec une base de lecteurs plus réduite. De là à dire que la "ePrivacy" va consolider les positions des GAFAs, il n'y a également qu'un pas que GreenSI a franchi sans hésitation.


Et puis du côté des BATX, en Chine, le traitement des images sur l'espace public est possible et est même déjà utilisé avec de la reconnaissance faciale pour commander son repas en fast-food. On est reconnu, on peut voir son profil sur l'écran de la caisse, et avoir son compte WeChat débité du montant de son achat par un simple regard.

Ceci va bien sûr amener en Europe une protection des données qui fera envie aux citoyens du monde !?

Les entreprises européennes vont en tirer un avantage compétitif mondial qui sera décisif !

Permettez GreenSI d'en douter. Les entreprises européennes ne sont pas prêtes et courent pour une conformité "à minima". Il y aura donc peu d'élus qui en tireront un avantage compétitif comme celui de créer une confiance client plus forte.

Et puis dans les soubresauts actuels de la politique Européenne. Elle laissent planer un doute sur l'accès à ces données par les gouvernements, d'aujourd'hui et surtout de demain. D'ailleurs ces citoyens utilisent de plus en plus des VPN et d'autres moyens de protéger eux même leurs données personnelles, sans avoir besoin d'un règlement. Dans un contexte de fin de la neutralité du net, le VPN sera le nouvel acteur a qui les citoyens décideront de confier leur confiance. De multiples offres payantes existent, localisés dans les pays de son choix, la Chine en revanche en sera privée car cela créé des brèches dans le "grand firewall" contrôlé par l'État.

La prévision pour 2018 de GreenSI ne porte donc pas sur les technologies qui, elles, continueront à se développer et se déployer mondialement, mais sur la nouvelle "tectonique des plaques numériques" dans le monde de l'Internet qui se segmente au delà de sa simple neutralité:
  • la Chine et les États-Unis pour les services et les réseaux au cœur de tous les échanges,
  • l'Europe pour y protéger les données personnelles en acceptant l'ingérance des gouvernements et des fonctionnalités réduites,
  • et le reste du monde pour y déporter les traitements non autorisés en Europe ou ailleurs.
Au citoyen maintenant de choisir où il veut vivre numériquement, son service VPN repris en main.

Quelle est votre stratégie Open Source ?

Début décembre la France servait de flambeau à la communauté open source en hébergeant l'un de ses sommets annuels : l'Open Source Summit. Cette manifestation, qui a absorbé depuis 3 ans d'autres salons (dont Solutions Linux), sert également de prétexte au think tank "Open CIO Summit" (DSI qui croient en l'open source pour la gouvernance des DSI) pour se réunir.

Cette année, cette manifestation a même vu un secrétaire d’État chargé du numérique, Mounir Mahjoubi, et sa prédécesseur, Axelle Lemaire, se relayer à la tribune. Une fois de plus, le recours plus systématique à l'open source dans les projets des services de l'État a été promis...

Pourtant,  la loi sur la République Numérique aurait pu être un boulevard pour faire de cette promesse une réalité en prenant une décision historique de faire de l'open source, non pas une solution "à privilégier" dans les administrations, mais une solution tout court. Mais cette loi ne l'aura pas fait.

Pourtant ces solutions permettrait à l'État de fabriquer des "communs", utilisables et réutilisables dans le cadre d'une licence, mais également de construire des solutions scalables à l'échelle des territoires, d'un État puis d'un pays. C'est une autre façon de concrétiser la stratégie "d'État plateforme" au delà des seuls services d'accès aux services publics.

Mais cette vision demande de changer de perspective sur l'open source qui est parfois réduit au seul sujet de licence logiciel.

D'ailleurs quand les GAFAs, que GrenSI comparent parfois à des États (voir: Google la startup qui voulait se faire aussi grosse qu'un État) ont commencé à développer les plateformes qui servent maintenant des centaines de millions d'utilisateurs, et deux milliards pour la plus grande, c'est bien vers l'open source qu'ils se sont tournés dès le départ. Puis une fois qu'ils en ont adopté et amélioré certains composants, ou mis en open source ceux qu'ils ont créé, c'est tout un écosystème de sociétés et d'acteurs qui s'est engouffré dans leur sillage et qui continue d'innover sur les socles qu'ils ont ouverts.

Dans les derniers exemples de ces ouvertures, au cœur des technologies du Cloud, l'adoption très rapide de Kubernetes, montre la force d'un tel modèle. Kubernetes est en effet un système open source permettant d'automatiser le déploiement et la montée en charge d'applications, conçu par Google et offert à la Cloud Native Computing Foundation. Quelle entreprise ou quel État pense avoir une meilleure expérience de scalabilité que Googe ?

GreenSI n'a donc pas beaucoup de mal à penser que l'open source pourrait être la base d'une révolution au niveau des infrastructures (numériques) d'un État plus agile, à la fois pour sa transformation au numérique en interne (et c'est le vœu de Mounir Mahjoubi dans son discours) mais également pour la transformation externe de l'écosystème qui dépend (ou pourrait bénéficier) de son activité.

Et si la nouvelle politique industrielle d'un État était de créer une plateforme offrant les conditions favorables au développement des PME qui sont si en retard sur Internet? Et si la #FrenchTech était plus qu'un label et l'accès à du financement, mais l'accès à une plateforme technologique et une expertise technique? Dans ces deux cas, la création de communs sur la base d'open source et une stratégie de plateforme seraient un très bon point de départ.

En 2017, l'open source a donc clairement quitté le cœur de Linux, le débat sur le système d'exploitation souverain ou sur la licence, pour devenir la plateforme scalable et ouverte de transformation digitale.

Pour GreenSIl'open source ne doit donc plus être comparé aux progiciels du marché avec licence, car c'est plus que du logiciel : c'est une démarche. L'open source est une démarche outillée de création d'une plateforme numérique permettant à l'entreprise de développer, et même d'acheter, les applications qui deviennent le cœur de son métier.

L'open source peut donc être une stratégie, et qui mieux que la DSI peut la porter, si cette dernière ne se laisse pas enfermer dans sa relation historique avec les éditeurs ? Ces dernières années, les grands éditeurs ont d'ailleurs cherché à interpréter à leur avantage les contrats avec ces DSI. Dans un contexte d'ouverture de données (en dehors de ces progiciels) elles ont cherché a étendre les bases du calcul des licences pour en maximiser leurs profits et financer leur migration vers le SaaS. Si après de telles initiatives les DSI ont encore confiance, cela tient du syndrome de Stockholm...

Le décalage entre open source et progiciel est donc autant celui des progiciels, qui deviennent des plateformes avec le SaaS (ou disparaissent), que celui de l'open source qui, de plateforme technique, devient une plateforme métier.
Dorénavant le métier de l'entreprise numérique est la fabrication de logiciels et  la capacité à délivrer des services numériques. Ces deux métiers sont outillés par les plateformes open source, de l'infrastructure aux outils de développement.


La stratégie SI devrait donc lucidement regarder ce décalage et statuer sur le rôle de l'open source comme vecteur de transformation. GreenSI voit donc aujourd'hui un grand intérêt à l'open source pour traiter des plateformes digitales et les intégrer dans une stratégie clairement formulée, et non un choix tactique quand il se présente dans les projets :

  • l'activation de composants : les versions communautaires permettent de démarrer très en amont des projets souvent complexes qui demandent des pilotes, sans être obligé d’acheter une licence alors qu’on ne connaît pas encore exactement les besoins. Le modèle "pay as you go" amené par le développement du Cloud est finalement plus adapté à l'innovation que celui de la licence.
    Combien de DSI ont cherché à défendre des budgets élevés pour des plateformes logicielles permettant de nouveaux projets, alors que si ils avaient pu démarrer et obtenir des résultats rapides, ils n'auraient même pas eu besoin de demander de poursuivre?
    L'open source est donc bien positionné pour cela et les plateformes éditeurs vont devoir intégrer cette règle à leur modèle tarifaire.
  • la scalabilité : les GAFAs ont démontré les capacités d'architectures scalables pour répondre à la demande mondiale, souvent largement au-delà des besoins des plus grandes entreprises. Les plateformes big data les plus utilisées sont d'ailleurs toutes issues de l'open source.
  • le modèle collaboratif : l'open-source permet de rassembler plusieurs acteurs pour développer ensemble des composants ou les compléter, chacun ayant accès au code à confiance dans ce qu’il utilise.
    Ce travail collaboratif commence au niveau des développeurs avec une plateforme comme Github, qui en 10 ans s'est imposée comme essentielle pour animer une communauté de développeurs. C'est d'ailleurs une communauté où l'entraide est très forte pour compenser les faiblesses de documentation que peuvent avoir certains composants open source.
    GreenSI aime bien dire que de nombreuses entreprises cherchent l'entreprise collaborative alors qu'elles l'ont sous les yeux si elles regardaient leurs développeurs travailler.

    Dans le domaine des Smart Cities, structurellement collaboratif, où chacun amène sa pierre à l'édifice (sans jeu de mot), GreenSI pense qu'il n'y a pas d'autre alternative que d'avoir un noyau commun open source. C'était le thème au Paris Open Source Summit d'un atelier organisé par la société Smile.
  • les standards : l'open source favorise l’émergence de standards de faits, et rassure les acteurs de l'écosystème jusqu'à permettre l’open-innovation pour travailler à plusieurs entreprises ou collectivités sur un même composant standard. Pour recruter des développeurs il est également plus simple de coller à des standards que de chercher le spécialiste d'un produit du marché devenu rare... qui se vendra à prix d'or. Suivez mon regard.
  • la sécurité : elle est amenée par le processus collaboratif de construction, par l'ouverture du code, et comme personne n'est parfait, par une plus grande vitesse à patcher quand une faille est détectée. La sécurité, dans les années qui arrivent, va sonner la mort de tous les éditeurs qui n'auront pas les équipes suffisantes pour réagir rapidement. Pour l'open source, la taille et la vigueur de la communauté est donc un critère de choix des logiciels.
À l'Open Source Summit se tenait également un pavillon spécialisé sur l'internet des objets, et donc une fenêtre sur les architectures de l'internet de demain.

Force* est de constater que l'open source est également bien placé pour continuer sa course dans ces nouvelles architectures du monde IoT en développement, à la fois au niveau des plateformes IoT centrales, comme les fournisseurs de Cloud l'ont montré en reposant principalement sur de l'open source, mais également dans les objets avec de l'embarqué et notamment une version Linux.

Le duo Arduino et Raspberry Pi a également montré que la démarche open source s'étendait aux objets connectés eux-mêmes en permettant le prototypage rapide, mais également par le partage du design, de créer des communautés autour d'objets physiques.


On sait également que l'intelligence artificielle va équiper à l'avenir ces objets pour les transformer en objets plus intelligents permettant de repenser les processus de l'entreprise. Comme l'open source sera incontournable pour l'analyse des données et l'intelligence artificielle, ce renforcera également sa proposition de valeur dans le mondes des objets connectés.

L'open source semble donc être un formidable levier de transformation digitale, aujourd'hui mais également demain. Alterway, acteur du web et de l'open source, a déjà cette martelé cette vision d'un open source comme nouvelle idée du web. GreenSI pense qu'il va maintenant au delà du web et embrasse tout l'Internet.




Pour l'activer il faut stopper de le comparer à du logiciel "acheté" sur le marché. C'est devenu autre chose. L'open source peut être vu comme une plateforme et un démarche, ouvertes et collaboratives d'open innovation. Toute stratégie SI de transformation devrait se demander comment l'exploiter.

Mais comme les budgets marketing investis dans la promotion de l'open source sont négligeables par rapport aux millions que dépensent certains éditeurs pour vous raconter la même histoire, vous pourriez rater l'opportunité historique d'intégrer l'open source dans votre transformation digitale...
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*  il fallait bien caser le mot "Force" dans ce billet la semaine de la sortie de l'épisode VIII. May the Open Source Force be with you ! ;-)

lundi 4 décembre 2017

#SmartCity : quel modèle s'impose en 2017 ?

Pour GreenSI, novembre c'est le mois qui permet de faire le point sur l'avancée d'un concept, celui de la ville intelligente, connectée ou tout simplement Smart City. C'est en effet le mois où la concentration des salons et conférences sur le sujet permet de voir les dernières réalisations et d'écouter la vision des élus ou des Directeurs Généraux des Services (DGS) qui en pilotent les projets. En novembre on a bien sûr l'incontournable SmartCity Expo World Congress à Barcelone, qui a vu plus de 18.000 visiteurs cette année, de plus de 120 pays, ou le Salon des Maires, qui sans cibler spécifiquement la Smart City en expose de nombreuses innovations, mais également des conférences plus ciblées comme celle du G9+ sur les business modèles de la smart city, le forum Smart City du Grand Paris ou la journée Smart City à Antony (92)



Les présentations lors de ces manifestions, auxquelles GreenSI a pu assister à certaines (ça devient compliqué d'aller à toutes cette année!), montre que l'on a quitté une première phase d'expansion dirigée par la technologie, avec ses succès et ses échecs, pour faire du concept de smart city celui de la révolution digitale de la ville, ou de la ville à l'ère du numérique. C'est un positionnement identifié dans un billet en début d'année (Une vision nouvelle sur les territoires de toutes les intelligences) qui se confirme.
 

Les villes et les métropoles cherchent un modèle économique qui leur permettra de poursuivre leur développement, tout en assurant une qualité de service à leurs citoyens et une attractivité pour les entreprises, au niveau des nouveaux standards amenés par cette économie numérique. Et pour cela, comme des startups, elles doivent de temps en temps faire pivoter leur modèle afin de ne pas perdre leur influence dans cet environnement en forte évolution.
La première question que se pose un nouvel acquéreur d'un logement dans une ville est maintenant celle du débit du raccordement internet et de la couverture mobile. La dernière étude de l'ARCEP est sans équivoque sur le taux d'équipement des ménages et leur besoin de connexion, qui devient un besoin primaire. 


La seconde question sera bientôt celle de savoir quelle est la note des services de proximité qui sont disponibles dans le quartier. Ces services proviendront soit de la transformation digitale des services municipaux classiques (petite enfance, bibliothèque, piscine, ...) soit des services privés localisés dans son quartier (haut débit, livraison de repas, covoiturage, ...). La Smart City c'est donc aussi la mise en évidence par le numérique d'une certaine fracture entre les territoires. Le rôle des acteurs publics pour la réduire est toujours aussi essentiel.

Alors quelle est l'analyse de GreenSI en 2017 des projets de Smart City ?

La Smart City est au cœur de l'évolution de la société

C'est La Tribune qui titre "le siècle des ville se dessine" en écho aux multiples initiatives où les villes relèvent les défis de demain.

Si on ne devait citer qu'une de ces initiatives, ce serait quand les grandes villes, dont New-York et Paris, ont tenu tête à Donald Trump sur les accords de Paris et confirmé leur adhésion aux engagements pour la planète. Car finalement c'est bien au niveau des villes que l'on peut déjà agir.
Et puis dans un contexte français de moins grande dotation de l'État aux collectivités, les communes vont devoir retrouver un nouvel équilibre financier et indirectement en tirer une plus grande liberté d'action. Pour certaines chercher à s'appuyer plus largement sur le secteur privé, startups ou grandes entreprises.

Dans ce contexte, le projet Smart City devient un moyen de mieux maîtriser la consommation d'énergie et d'optimiser la circulation automobile, pour réduire les gaz à effet de serre.

Le programme DataCity, qui a lancé ce mois-ci sa 3e saison, a fait émerger des challenges auxquels les startups vont maintenant pouvoir s'attaquer et proposer des solutions qui seront implémentées dans la capitale. Sans surprise, cette année de nombreux challenges portent sur le transport, avec le déplacements des salariés, la congestion des carrefours, ou la meilleure connaissance du trafic routier, tout en réduisant les coûts de capture des données nécessaires.



C'est l'illustration concrète du rapprochement entre les révolutions digitale et environnementale.

Les projets Smart City doivent afficher un ROI

Outre l'aspect environnemental, la rentabilité des projets est maintenant challengée par les élus mais également par les citoyens.

C'est donc une rentabilité économique mais également sociale, qui peut être compensée par une valeur collective. L'étude publiée par la CDC ce mois-ci est la première qui rentre autant en profondeur sur cette valeur collective avec une démarche socio-économique très structurée. 

En 2017, des projets se référant à la Smart City visent à améliorer la qualité de service et l'espace public, tout en démontrant un retour sur investissement réel, avec des économies situées dans les opérations de la collectivités, mais également dans celles d'autres acteurs de la ville et bien sûr chez les citoyens.

La gestion intelligente de l'éclairage public à Rilleux-la-Pape est, dans cette étude, celle qui affiche la plus grande valeur collective par euro investi (6,4€) alors que ce projet a une valeur négative pour la collectivité (gain de 2,5M€ pour un investissement de 3M€). À la clef ce sera certes une réduction de la facture pour la collectivité, non suffisante pour que le projet soit immédiatement rentable, mais également une réduction des émissions de C02, de l'accidentologie nocturne et de la criminalité, qui ont chacun un coût pour la société. La valorisation de ces externalités fait basculer le projet dans la rentabilité socio-économique. À la collectivité maintenant d'organiser les acteurs externes pour réaliser ces économies et les mesurer...

La réflexion autour d'un "business modèle" intégrant tous les acteurs concernés par chaque projet Smart City devient donc indispensable.

Les écosystèmes créent la valeur

Réunir ces acteurs en écosystèmes est une tendance forte.
Au 1er janvier 2018 l'organisation du stationnement urbain, actuellement partagée entre la police et les services de la voirie, va évoluer vers une gouvernance simplifiée. La politique tarifaire va également changer pour dépénaliser le stationnement et permettre à la commune de fixer le tarif en cas de dépassement. On paiera donc ce dépassement à la commune, qui ne sera plus une amende, comme le stationnement.

Ce double changement va permettre de créer des observatoires du stationnement, comme à Strasbourg, qui s'appuient sur une meilleure connaissance de l'usage de l'espace public, y compris l'offre de parking du privé, pour piloter la politique tarifaire et d'aménagement. À la clef ce sera une réduction de la pollution et du bruit (à chercher une place) et un meilleur service aux usagers de la voirie.

Pour GreenSI, cet exemple illustre bien les nouvelles organisations mixtes, y compris public-privé, qui vont se mettre en place pour rendre intelligent une fonction de la ville, en créant des échanges de données permettant une coordination des moyens.

C'est dans ce registre que l'on peut classer le projet du Grand Dijon pour les prochaines années, d'optimiser globalement la gestion de l'espace public à partir d'un centre de pilotage connecté et de s'appuyer pour cela sur un consortium d'entreprises et une nouvelle organisation de ses services. À la clef ce seront des économies par une meilleure connaissance de l'état du patrimoine, réalisées par la politique de maintenance, mais également la libération de données pour permettre des optimisations transverses au sein d'écosystèmes.

C'est également dans ce registre que les smart grids, qui optimisent les échanges d'énergies au sein de la ville, se développent. La ville est un système complexe avec un écosystème d'acteurs et de compétences, dont les relations se combinent à l'infini dans de multiples services.

Mais, quand on commence à parler de projet de blockchain au sein de la Smart City pour gérer ces écosystèmes, c'est certainement une bonne idée, mais GreenSI pense qu'elle restera très conceptuelle avant 2020. Cela ramène également le projet de Smart City 5 ans en arrière, un projet tiré par la technologie, que peu comprennent. Faisons donc attention aux priorités.

La circulation des données passe par des APIs

À défaut de nouvelles architectures comme la blockchain, GreenSI est convaincu que des technologies simples et ouvertes permettent la réalisation de ces nouveaux modèles. La mise à disposition de données doit passer par l'ouverture d'API, pour mettre à disposition, en permanence, des données réutilisables par tous les acteurs de l'écosystème qui pourra mieux les valoriser que ceux qui les produisent.

L'open API est l'avenir de l'open data et concerne autant le privé que le public. Il s'imposera plus facilement par les business modèles et les gains associés que par la loi.

Cette mise à disposition sera facilitée par l'utilisation d'un cloud privé qui est plus facilement partagé par tous les acteurs de façon sécurisée. Ce sera une rupture pour les collectivités qui souhaitent collecter toutes les données sur leur propre système d'information, car elles devront être à la hauteur de ces nouveaux usages. La CNIL s'est d'ailleurs déjà penchée sur le sujet et a produit une note de recommandation sur la Smart City et les données personnelles.

Cette approche de plateforme ouverte d'API est mise en place dans le projet de Saint-Etienne Smart City, qui a été présenté à la Cloud Expo Europe cette année, et qui repose aussi sur une plateforme open source pour assurer la réutilisation de composants par tous les acteurs de l'écosystème qui voudront y contribuer. 

On retrouve ici un début de "plateformisation de l'économie" tel que GreenSI l'a décrit dans son billet sur le futur du cloud (L'empire des mille plateformes)
En conclusion, la ville - ou la métropole - où vivent et travaillent plus 75% de la population en France, continue donc de renforcer son attractivité mais a besoin de repenser son modèle pour le rendre durable, écologiquement et économiquement.

Les projets qui s'y attellent en 2017 sont placés sous le signe de l'open innovation, de nouvelles organisations des collectivités et de la création de valeur au sein d'écosystèmes. Ils s'appuient également sur les technologies de la transformation numérique (Data, API, mobilité, cloud, open source...) tout en ayant des objectifs socio-économiques.

GreenSI qui observe la transformation digitale des villes depuis plus de 5 ans, pense que 2017 aura marqué en France une rupture dans les projets et que de nouveaux modèles sont en train de se développer pour rendre la ville plus "smart".
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